Emmanuel Macron sera en Corse jeudi pour la dernière étape du "grand débat national". Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse, et Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse, ont fait part de leur volonté de boycotter la venue du chef de l'État.
L'éditorialiste d'Europe 1 Jean-Michel Aphatie estime que les deux dirigeants de la collectivités territoriale corse "créent sur l'île, un climat de tension qui échauffe les têtes qui sont déjà chaudes". C'est ainsi que, selon lui, certains en arrivent à déposer des charges explosives devant des bâtiments administratifs, comme cela a été le cas lundi.
"C'est un vent mauvais qui souffle en Corse. Ces deux engins explosifs, c'est de l'intimidation. On dit : 'C'est la Corse, c'est le folklore corse.' Et on a tort. Que dans la République, des engins explosifs soient déposés, c'est un problème. On connaît la revendication indépendantiste de certains Corses depuis longtemps mais il faut situer le contexte.
La collectivité territoriale de Corse, qui a des pouvoirs qu'aucune autre région en France ne possède, est dirigée par des élus nationalistes et indépendantistes. Ces élus-là, plutôt que d'utiliser à fond les compétences de leur collectivité, d'essayer de régler les problèmes du territoire, s'en prennent tout le temps à l'État. Plutôt que d'assumer leurs responsabilités, ils disent que le chômage, c'est la faute de l'État, l'insécurité, c'est la faute de l'État. Tout est de la faute de l'État.
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"Ils créent sur l'île, un climat de tension"
Du coup, ils créent sur l'île un climat de tension qui échauffe les têtes - qui sont déjà chaudes - et qui vont déposer des bombes devant les bâtiments du fisc. Jean-Guy Talamoni, qui est président de l'Assemblée de Corse, a dit il y a quelques mois : 'La France est un pays ami de la Corse.' Ce sont des provocations qui ne servent à rien, ça ne peut qu'alimenter des rancœurs, de la violence.
Jeudi, le chef de l'État sera à Cozzano, une petite ville de Corse du Sud. Ni Jean-Guy Talamoni, président de l'Assemblée de Corse, ni Gilles Simeoni, qui est président du Conseil exécutif de Corse, ne sera là pour accueillir Emmanuel Macron, pour l'accompagner durant sa visite. Ce n'est pas un comportement normal, c'est anti-républicain, c'est anti-démocratique. Tout comme Talamoni et Simeoni, Emmanuel Macron est élu.
Un climat tendu car Talamoni et Simeoni "n'arrêtent pas de critiquer l'État"
Pourquoi agissent-ils comme ça ? Simeoni dit que le climat est trop tendu pour que l'on accompagne le chef de l'État. Bien sûr que le climat est tendu, ce sont eux qui le tendent, ce sont eux qui n'arrêtent pas de critiquer l'État. S'ils allaient au bout de leur démarche, s'il y avait un référendum demain sur l'île et que l'on demandait aux gens : 'Voulez-vous quitter la République ou rester au sein de la République française ?' A une très grande majorité, les gens diraient : 'Bien sûr que l'on veut rester en France.'
Les autonomistes et les indépendantistes jouent là-dessus. C'est de l’ambiguïté permanente, ils flattent les clientèles électorales, ils nourrissent les tensions et un jour, tout cela finira mal. Ce n'est pas très digne et messieurs Talamoni et Simeoni feraient mieux de recevoir, avec les égards qu'il mérite, le président de la République française parce qu'il est élu, comme ils le sont eux-mêmes."