>> Dix-huit mois après l'élection présidentielle, et malgré l'impopularité d'Emmanuel Macron, c'est la grande panne au sein de l'opposition. Selon un sondage paru mercredi, aucun responsable politique ne s'impose aux yeux des Français. Et pourtant, la planète de la gauche est en effervescence, mais toujours en ordre dispersé. Selon notre éditorialiste politique Michaël Darmon, la solution pourrait bien venir de Ségolène Royal.
"Voici venu le temps de la gauche microscope. Seuls 3% des Français estiment que le PS est un opposant crédible à Emmanuel Macron. Mais dans cet infiniment petit, il y a une vie… assez active. Des mouvements sont en train de s'organiser autour d'une plateforme citoyenne, marquée à gauche et en dehors du Parti socialiste, pas assez attractif pour ces molécules politiques.
La plus visible ces jours-ci est celle de l'intellectuel Raphaël Glucksmann, qui est en train de s'organiser avec d'autres personnalités, notamment issues de la sphère des écologistes. Il faut s'attendre à ce qu'ils fassent parler d'eux ces prochains jours.
Mais au-delà de l'enthousiasme et de la ferveur, comment être efficace ? À gauche, on a vu à quel point on faisait tout pour contredire le proverbe : 'l'union fait la force'. Or à l'heure actuelle, ni le PS, ni Génération.s ne se trouvent dans la capacité de pouvoir proposer une tête de liste pour les européennes. Chez Benoît Hamon, on a même fait appel à des candidatures spontanées. C'est dire…
Qui pourra bien fédérer ces éléments disparates et leur donner une visibilité ? Celle qui fait un retour en force et très organisé… J'ai nommé Ségolène Royal, première femme à avoir été qualifiée pour une finale présidentielle.
Premier acte : elle nettoie au karcher les hommes politiques qui l'ont combattue, et parfois très violemment. Lors de la primaire socialiste, elle se disait la porte-parole des invisibles. Aujourd'hui, elle parle pour les silencieuses, ces femmes qui subissent les violences. Elle relie le vocabulaire : les femmes, comme la nature, sont abîmées et salies.
On connaît Ségolène Royal, qui sait jouer des contradictions. Et tous ceux qui travaillent avec elle le disent : elle peut agacer. Mais chez elle, il y a toujours ce talent de sentir ce qui fait époque. Quand Olivier Faure est venu la chercher, elle a confié : 'le PS vient toujours me voir quand il est sans solution.' Ségolène Royal pourrait accepter de prendre quelques élus socialistes sur une liste plus large comptant des personnalités, et pourquoi pas un certain Raphaël Glucksmann… On verra si la gauche microscope arrive à se densifier.
En réalité, Ségolène Royal n'a pas très envie de devenir députée européenne. L'essentiel pour elle est de continuer à exister et à se réinventer. La politique et sa tragédie permanente, c'est sa vie. Remonter à cheval, sa formule préférée.
Lassée d'être la reine des neiges, Ségolène Royal devient princesse des circonstances."