L'accord sur le Brexit est loin de susciter l'optimiste chez notre éditorialiste Nicolas Beytout, qui parle même d'une situation très compliquée pour faire ratifier cet accord au Parlement britannique.
Tout démontre qu’il effectivement sera très difficile à faire ratifier. Par par nous, les 27 pays du continent européen, non, mais par le Parlement britannique au sein duquel on compte déjà une nette majorité contre le deal signé par Boris Johnson. Alors bien sûr, il peut y avoir un miracle, un sursaut. Mais d’ici samedi, jour du vote, c’est assez peu probable.
Pourtant BoJo (comme on surnomme le Premier ministre britannique) a appelé les députés de son pays à soutenir cet accord…
Oui, mais c’est de la pure communication politique. Objectif : démontrer qu’il a tout tenté pour arracher un accord, et qu’il a obtenu un deal sans jamais reculer. Une position gagnante à tous les coups : soit le miracle se produit, le Parlement britannique approuve et BoJo peut s’enorgueillir d’avoir sorti son pays de la nasse. Soit l’accord avec Bruxelles est rejeté, et le Premier ministre anglais pourra prétendre que ce n’est pas de sa faute, mais celle de sa majorité divisée.
Et dans ce cas-là, on repart pour un tour de négociations ?
Johnson sera dans l’obligation de le demander, mais le patron de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a bien précisé qu’il n’y aurait pas de nouveau round de discussions.
Ça ressemble à un message aux Anglais pour qu’ils acceptent enfin …
Peut-être, mais je ne suis pas sûr que cela serve à grand-chose. Depuis le début de cette affaire (c’était il y a presque 4 ans), chaque jour qui passe montre que cet invraisemblable pudding est indigeste. Un deal a déjà été refusé à 3 reprises par le Parlement britannique, et la division est désormais plus profonde que jamais. C’est simple, quelle que soit la solution proposée par les Européens, il se trouve toujours une majorité de circonstance pour s’y opposer. Ce sont parfois les Irlandais, les Ecossais, les Conservateurs anti-Europe ou encore les pro dont certains ont été exclus du parti. Ce sont parfois des Travaillistes qui veulent un nouveau référendum mais qui voteront pour Boris Johnson, afin d’empêcher leur propre leader, le très à gauche Jeremy Corbyn, de devenir Premier ministre. Vraiment, la situation est folle.
Et comment on en sort ?
Vous voulez dire : comment ils en sortent ? Parce que c’est tout le pays qui est fracturé. Il y aura demain samedi des millions d’Anglais dans les rues, qui manifesteront contre le Brexit. Et puis, Brexit dur ou pas, il faut en finir. Ce sera une épreuve pour nous, Européens. Mais ce sont les Anglais qui vont le plus en souffrir. Comme on dit chez eux : As you make your bed, so you must lie on…
Ce qui veut dire…
Comme on fait son lit…
… on se couche !