>> Après une nette remontée tout au long de l’année 2019, le président de la République aborde la mi-temps de son quinquennat dans la stabilité, avec 34 % de satisfaits selon le dernier baromètre Ifop-JDD, un point de plus par rapport au mois précédent. Il devrait bientôt prendre la parole pour un premier bilan de mi-mandat. Pourtant cela fait une semaine qu’il s’exprime déjà presque chaque jour, pour des raisons très politiques, relève notre éditorialiste Michaël Darmon.
Depuis la rentrée, Emmanuel Macron partage une conviction en tout petit comité : si l’acte 2 a inscrit la transition écologique dans le budget, les politiques menées n’impriment pas l’opinion. Les Français se posent des questions sur leur destin collectif. Ils s’inquiètent face aux phénomènes migratoires liés aux évolutions géopolitiques, alors que l’islam politique donne de la voix. Sans parler de la réforme des retraites qui n’est pas encore vraiment comprise. L’attaque à la préfecture de Paris, la polémique sur le voile et la pagaille à la SNCF ont déclenché aussi l’alarme.
Le président parle tout le temps parce qu’il y a urgence
D’où une prise de parole présidentielle permanente. A La Réunion, Emmanuel Macron l’a rappelé : "Le voile ce n’est pas mon affaire." Depuis, il enchaîne les interviews sur les chaînes d’info, les radios et cette semaine, un long entretien au magazine de droite Valeurs actuelles. Dans les pages de l'hebdomadaire, le chef de l’Etat déclare entre autres que "le voile, c’est l’échec de notre modèle qui se conjugue avec la crise de l’islam". Il suit de près l’onde de choc de cette interview et assume de bousculer sa majorité sur ce sujet. Il tient à souligner au passage qu’il ne cède pas à la pression et qu’il ne s’exprime pas à chaud.
Le président de la République parle tout le temps parce qu’il y a urgence. L’acte 2 devait être vert, il est en fait social et sécuritaire. Il se montre inquiet face à cet archipel de conflits et de tensions. Après deux ans et demi au pouvoir, il reste de multiples chantiers de transformation ouverts, mais le pays est éruptif et l’attrait pour le vote protestataire progresse. En ligne de mire, l’Elysée en 2022 et le match retour Emmanuel Macron versus Marine Le Pen, auquel il semble pour l’instant difficile d’échapper.
Emmanuel Macron a connu la victoire avant la politique
Souvent, les ministres le disent, il est bien difficile de se faire entendre des Français. Emmanuel Macron a entendu les conseils autour de lui, il estime qu’"il faut mieux expliquer". De leur côté, les conseillers présidentiels répètent qu’il faut faire attention au syndrome Jospin, qui avait de bons résultats économiques mais qui a été éliminé de la présidentielle parce qu’il avait sous-estimé les questions régaliennes.
Pourtant, cette stratégie est risquée pour Emmanuel Macron. A ce stade, il ne parle ni aux jeunes ni aux électeurs de la gauche, inquiets de la crise climatique. Le président est, lui, persuadé qu’il sera réélu sur sa droite. "J’ai appris", dit-il, lorsqu’on lui parle à la moitié de son mandat de la vie au pouvoir. C’est vrai. Le président a connu la victoire avant la politique. Maintenant, il sait ce qu’est la politique. Mais à ce stade, une nouvelle victoire n’est pas assurée.