"Ça ressemble à une débandade. Entre l'affaire Benalla et les 'gilets jaunes', tout le monde est sur le flanc à l'Elysée. Emmanuel Macron est donc obligé de recomposer son équipe.
Quelle est la situation politique exacte d'Emmanuel Macron ? Son quinquennat est arrêté. Les 'gilets jaunes' l'ont bloqué. C'est une situation que nous n'avons pas connu depuis l'instauration de l'élection du président de la République au suffrage universel en 1965. L'obligation d'Emmanuel Macron, c'est de faire redémarrer son quinquennat. Pour cela, il investit le 'grand débat'. C'est une campagne de reconquête de l'opinion publique. 'J'avais perdu le contact avec vous, je le retrouve.' Il modifie son équipe à l'Elysée dans l'optique de reprendre l'action.
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Mais cela ne suffira pas. Il faut qu'il y ait, à l'issue du 'grand débat', des propositions. Proposer de réduire le nombre de députés, ou d'introduire la proportionnelle lors des élections législatives, ça ne suffira pas à rétablir la confiance. Le risque, c'est que la colère reprenne et qu'on ait beaucoup de mal à l'arrêter.
Nous sommes devant une crise exceptionnelle, hors norme. Sortir d'une crise hors norme exige du président de la République de l'imagination. Quel est le problème fondamental d'Emmanuel Macron ? C'est la légitimité. Pas celle de l'élection en mai 2017 – personne ne la conteste – mais celle de l'action. Il ne peut plus agir. Comment retrouve-t-on de la légitimité dans une démocratie ? En ouvrant les urnes. C'est presque le passage obligatoire pour sortir de cette crise.
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Il y a plusieurs schémas possibles auxquels on ne pense pas, parce que celui qui doit y penser, c'est le chef. Mais on peut imaginer qu'Emmanuel Macron prenne cinq, huit, dix mesures, qui correspondent à la politique qu'il a envie de mener, dans ce qui ressort du 'grand débat'. Et alors il les propose en référendum aux Français. 'Voilà le programme jusqu'en 2022, et si vous le voulez, on le fait ensemble'. Ça, ce serait majeur.
Et si cela ne suffit pas, il y a plus brutal. Il peut prendre ces huit ou dix mesures, il démissionne et fait une élection présidentielle là-dessus. Et les Français choisissent ou le programme d'Emmanuel Macron, ou le programme de l'adversaire. C'est démocratique et on sort de la crise par le haut. Certains de ceux qui nous écoutent diront que cela fait beaucoup d'extravagances, mais la situation est extravagante. Et quand on propose une solution extravagante pour sortir d'une situation extravagante, ce n'est pas si extravagant que ça."