Le directeur des activités Politiques et opinions de l'institut de sondages a analysé la victoire du FN au premier tour des régionales.
Le score historique du Front national, le paysage politique de l’Hexagone, la présidentielle de 2017 : le directeur des activités Politique et opinion de l’institut de sondages TNS Sofres, Edouard Lecerf, a décrypté les résultats du premier tour des régionales avec Thomas Sotto, lundi sur Europe 1. Voici les quatre informations à retenir de son analyse.
Le meilleur score du Front national. Avec 28% des suffrages exprimés au niveau national, le FN a obtenu son meilleur score à un scrutin. En nombre de voix, il s’agit du meilleur résultat du parti frontiste à une élection locale. Ce chiffre de 6 millions d’électeurs est inférieur aux 6,4 millions de bulletins recueillis au premier tour de la présidentielle de 2012, mais on ne peut pas placer sur le même plan ces deux scrutins, a expliqué Edouard Lecerf.
Encore un plafond à franchir en 2017. Qu’en est-il des sondages et des prédictions qui voient le parti du clan Le Pen triompher dans deux ans ? Le FN se dit "le premier parti de France", mais la voie n’est pas encore toute tracée jusqu’à la présidentielle de 2017. "Il reste un plafond" à franchir, même s’il est "fissuré", selon Edouard Lecerf : les six millions d’électeurs du parti ne sont pas suffisants pour passer passer le premier tour d’un scrutin présidentiel, dont la participation est toujours nettement supérieure aux élections locales.
Un "effet attentats" qui s’ajoute à la dynamique existante. Les électeurs du FN ont-ils été influencés par les attaques du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis ? Des régionales de 2010 aux élections européennes de 2014 en passant par la présidentielle de 2012, Edouard Lecerf a rappelé que le FN progresse de manière continue à tous les scrutins. "Ce mouvement était là, a appuyé le sondeur. C’est vrai qu’il a sans doute été amplifié par les mauvais chiffres du chômage, par une désespérance sociale, par le fait que les événements tragiques ont vu un certain nombre de ses thématiques [du FN] devenir de plus en plus prégnantes dans l’ensemble du territoire français."
La tripartition, nouveau visage du paysage politique français. Cette nouvelle victoire du FN entérine l’évolution de la politique française, dominée pendant des décennies par les deux partis "de gouvernement" que sont le PS et les prédécesseurs des Républicains (l’UMP, le RPR, etc.). S’il se refuse à parler de "tripartisme", peut-être parce que le FN n’a jamais gouverné le pays, Edouard Lecerf reconnaît ce bouleversement : "On est entrés dans une tripartition du paysage politique français, c’est évident. On a trois groupes qui peuvent faire plus de 20% des voix et qui peuvent se projeter mentalement vers la présidentielle".