Le 15 mai dernier, une semaine après son élection à la présidence de la République, Emmanuel Macron accordait sa confiance à Édouard Philippe en le nommant Premier ministre. "Quand vous êtes Premier ministre, vous êtes une fonction. Vous êtes chef de gouvernement et vous êtes là pour ça", résume l'ancien maire du Havre à propos de ce rôle si particulier, dans les colonnes du JDD, dimanche.
"J'assume le fait d'apprendre". Le prestige de la fonction le pousse donc à adapter son discours, parfois jugé formaté depuis qu'il est devenu chef du gouvernement. "Je m'astreins à habiter la fonction. Je n'ai pas l'impression de me contraindre dans ce que je dis", assure-t-il toutefois.
Mais il le confesse, deux mois après avoir pris place à Matignon, il continue d'apprendre : "Je suis au début et j'assume le fait d'apprendre. Je dois tenir compte des réactions disproportionnées du système médiatique." Pour illustrer son propos, Édouard Philippe prend l'exemple de son "deuxième livre écrit avec Gilles Boyer, Dans l'ombre", dans lequel "il y a une scène de sexe" : "J'ai lu plusieurs articles qui expliquaient que j'étais un abominable machiste." Cela a été une première leçon pour lui, qui estime qu'il "faut faire attention à ces minuscules choses qui risquent de faire perdre le cap de l'essentiel".
"Un chef, ça assume, ça ferme sa gueule, ça continue". Premier ministre, son modèle Alain Juppé l'a également été pendant deux ans entre 1995 et 1997. Mais c'est surtout, lors de la condamnation de ce dernier dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris en 2004, qu'Édouard Philippe a "compris ce qu'était un chef". "Alain Juppé a supporté seul toutes les conséquences d'un système dont la droite RPR a profité, dans son ensemble, directement ou indirectement. J'ai compris ce qu'était un chef. Ça assume, ça ferme sa gueule, ça continue." Une attitude qu'il entend donc adopter en tant que chef du gouvernement.