Dans le roman de Frédéric Begbeider, l'Amour dure trois ans. Pour Edouard Philippe et Emmanuel Macron, la relation si particulière qui lie les deux têtes du pouvoir exécutif français aura tenu à peine deux mois de plus : nommé en mai 2017, le chef du gouvernement a été remplacé par Jean Castex début juillet 2020. Mais selon le principal intéressé, l'analogie s'arrête là. "Le fondement de la relation entre un Premier ministre et un président, ce n'est pas une question d'amour", commente-t-il au micro de Michel Denisot, dont l'interview est diffusée à 18h30 sur Europe 1 dans Europe Soir, présenté par Julian Bugier. .
>> EVENEMENT - Edouard Philippe est l'invité exceptionnel de Michel Denisot ce lundi soir dès 18h30 pour un entretien exceptionnel d'une heure. Ecoutez-le en direct ici
"Quand il a envie d'en changer, il en change"
Selon Edouard Philippe, il n'est, en l'espèce, pas plus question "d'amitié". "C'est une question de confiance, c'est très important. (…) C'est une question de convergence des vues. C'est une relation de travail. C'est comme cela, d'ailleurs, que je l'envisageais et que je l'ai toujours pratiquée". Un fonctionnement qui a permis au binôme de "faire beaucoup de choses", selon l'ex-chef du gouvernement. "J'en suis assez fier."
Quant à la rupture entre les deux hommes, Edouard Philippe rappelle que le choix du Premier ministre est "une prérogative absolue du président de la République, qui est le signe de sa prééminence au sein des institutions. (…) Quand il a envie d'en changer, il en change. Il se trouve qu'il a utilisé cette prérogative. Et j'ai suffisamment de respect à la fois pour le président de la République et pour les institutions pour ne pas m'en offusquer."
"Il a considéré que c'était le bon moment"
Mais le timing était-il le bon, après des mois de gestion de la crise sanitaire du Covid-19 par Edouard Philippe ? "Il a considéré que c'était le bon moment", balaye l'ancien Premier ministre. "Je lui avais dit très tôt, plusieurs semaines avant les élections municipales au Havre [auxquelles il était candidat, ndlr] que, quoiqu'il arrive après, je lui remettrais ma démission pour qu'il ait la possibilité de changer de ligne ou de ne pas changer de ligne, de changer d'homme ou de femme. (…) Il a tranché. C'est le boulot du président de la République."
Malgré sa victoire au deuxième tour, Edouard Philippe reconnaît pourtant volontiers qu'il était, à l'époque, disposé à rester à Matignon. "Cet état d'esprit, cette disponibilité, étaient, je crois, parfaitement entendus et parfaitement compris par le président de la République. Mais il a fait un autre choix."