Le gouvernement a décidé mercredi de revenir sur la "réduction" contestée des heures supplémentaires dans les collèges et lycées initialement prévue jusqu'à la fin de l'année scolaire, une mesure qui devait permettre des économies budgétaires dans l'Éducation nationale.
"La ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse a donné instruction pour que, dès demain (jeudi), les académies recouvrent les moyens budgétaires initialement notifiés afin de poursuivre l'attribution d'heures supplémentaires dans les établissements", a déclaré la rue de Grenelle dans un communiqué.
"Conformément à la priorité donnée à l'Éducation nationale par le gouvernement, le Premier ministre et la ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse ont souhaité que les établissements scolaires continuent à disposer des moyens de mener à bien leurs missions", a-t-on complété de même source.
Une mesure suscitant une forte émotion chez les personnels de l'Éducation
En début de semaine, les rectorats avaient annoncé aux chefs d'établissement "une mesure de réduction des dotations des heures supplémentaires et des indemnités pour mission particulière", selon un message consulté par l'AFP.
La diminution, voire dans certains cas la suppression de cette enveloppe budgétaire à la main des principaux et proviseurs pour financer des dispositifs comme "devoirs faits" ou de soutien scolaire, avec à la clef l'arrêt pur et simple de ces projets, avait suscité depuis une forte émotion chez les personnels de l'Éducation relayée par leurs syndicats.
Les rectorats avaient justifié cette mesure en application du coup de rabot de 10 milliards d'euros imposé par Bercy au budget 2024 des administrations. Pour l'Éducation nationale, il s'agit de trouver un peu moins de 692 millions d'euros d'économies.
"On a l'impression d'être pris dans un jeu de billard à trois bandes"
"Les heures supplémentaires sont maintenues. C'est une bonne nouvelle", a commenté l'entourage de la ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse Nicole Belloubet contacté par l'AFP. Selon cette source, les messages adressés par les recteurs aux chefs d'établissements avaient été envoyés "par prudence budgétaire", car "il avait été jugé prudent de freiner les heures supplémentaires sans les suspendre totalement".
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Jointe par l'AFP, Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées, estime que l'annonce ministérielle est "une heureuse surprise" mais fait part aussi de son "incrédulité" face à l'enchaînement des décisions et sa "vigilance" sur de prochaines coupes budgétaires.
"C'est une volte-face destinée à s'éviter une fin d'année incandescente", a jugé Sophie Vénétitay. "Qui pilote l'Éducation nationale ? La rue de Grenelle, Bercy ou Matignon ?", s'est-elle demandée. "On a l'impression d'être pris dans un jeu de billard à trois bandes et pendant ce temps, l'Education est à l'os", a-t-elle déploré.