La victoire de Donald Trump s'est invitée dans la campagne présidentielle française. "L'onde de choc américaine a ébranlé l'opinion et rendu nos politique hystériques", analyse l'éditorialiste politique d'Europe 1, David Revault d'Allonnes, dimanche dans 100% présidentielle. "A six mois du scrutin, cette semaine, c'était Broadway, Hollywood : nos politiques de tous bords ont joué un spectacle digne d'une superproduction américaine", commente-il. A commencer par Marine Le Pen.
Le Pen veut surfer sur la vague anti-système. La présidente du Front national, qui a été la première a félicité Donald Trump parmi les élus français, espère bénéficier d'un "effet Trump", même si elle le dément. "Elle se démarque de Trump et de ses provocations, mais en réalité ils ont beaucoup en commun", commente David Revault d'Allones : ses électeurs sont des ouvriers des zones désindustrialisées, elle prône le protectionnisme et l'isolationnisme, la xénophobie et la peur de l'étranger. Et "Marine Le Pen veut incarner, comme Trump, l'anti-système, la lutte contre les élites".
"J’ose répéter ici que l’élection de Donald #Trump est une bonne nouvelle pour notre pays." #ConfMLPpic.twitter.com/DvLuA2xUn5
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 9 novembre 2016
Sarkozy compte faire mentir les sondages. A droite, rien n'est moins clair. "Alain Juppé mène sa campagne pépère : pas question pour lui de s'en laisser détourner, donc il a peu commenté cette victoire. Il s'est contenté de dénoncer le 'populisme'", poursuit l'éditorialiste. Mais Nicolas Sarkozy en revanche a bien l'intention de profiter de l'élection de Donald Trump : "Comme Trump, Sarkozy espère faire mentir les pronostics, qui ne le donnent pas favori. Il veut rejouer le scénario de l'élite, le système, battu par 'le peuple'", complète-il.
" François Hollande espère rassembler autour de lui "
Hollande entend faire bloc autour de lui. A gauche, chacun tire les conclusions qui l'arrangent de cette élection. "Arnaud Montebourg et Jean-Luc Mélenchon ne s'attardent pas sur cette victoire mais sur la défaite d'Hillary Clinton, qui n'est pas assez à gauche, trop liée au système et aux intérêts financiers, selon eux", soulève David Revault d'Allones, pour qui cette gauche de la gauche pourrait accuser François Hollande de "clintonisation" et lui promettent le même destin.
Quelle tête peut faire une travailleuse qui a trois emplois par jour quand on lui dit qu'elle va être représentée par #Clinton ? #RTLSoir
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 9 novembre 2016
Pour le président français justement, l'élection de Donald Trump n'est pas une bonne nouvelle, mais il espère qu'elle amènera à renforcer l'union sacrée autour de lui : "Pour lui, la défaite de Clinton oblige la gauche à se rassembler sous peine d'élimination au premier tour de la présidentielle. Ce qui au fond valide sa stratégie : moi ou le chaos", résume David Revault d'Allones.
Des prises de position vaines ? Mais, prévient l'éditorialiste politique, ces scénarios hollywoodiens vont voler en éclats, parce que la France n'est pas les États Unis, et parce que les électeurs ne sont pas dupes : "Tous ces candidats ont tenté ces mises en scène cette semaine pour essayer de produire un block buster électoral, avec des millions d'entrées, et d'électeurs. L'opinion sait parfaitement quand nos politiques cherchent à surfer sur la vague, et ils n'aiment pas ça. Il est peu probable que ces scénarios parviennent à déplacer le moindre spectateur et la moindre voix."