L'ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira milite pour une candidature unique de la gauche à l'élection présidentielle de 2017 et assure qu'elle s'engagera "fortement dans la campagne", dans une interview publiée lundi par Libération.
Soutiendra-t-elle François Hollande ? L'ex-garde des Sceaux a quitté le gouvernement en janvier, en désaccord avec la tentative avortée de François Hollande d'inscrire dans la Constitution la déchéance de nationalité pour les binationaux coupables d'actes de terrorisme. Un projet qualifié de "faute grave" par Christiane Taubira, qui parle de "désaccord politique majeur" avec le président. Elle refuse de dire si elle soutiendra François Hollande s'il brigue un nouveau mandat et estime que la gauche, au sein de laquelle les candidatures se multiplient, doit se présenter unie au premier tour de la présidentielle.
"La question n'est pas de soutenir untel ou untel", dit Christiane Taubira, pour qui la gauche "a une responsabilité de trouver un candidat qui portera" ses "différentes sensibilités". La multiplication des candidatures est bien un des problèmes de la gauche aujourd'hui, estime l'ex-ministre, qui a participé ce week-end à la fête du quotidien communiste L'Humanité, où ont défilé ces candidats, dont le principal point commun aujourd'hui est leur opposition à François Hollande. "Il y a bien des maisons dans la maison de la gauche. Elles ne sont pas irréconciliables", estime-t-elle.
Le risque, c'est l'extrême droite. "Il y a urgence : le risque est là que l'extrême droite (...) arrive au pouvoir en France" et que la gauche disparaisse "pour un moment". "Je vais m'engager fortement dans la campagne. Je ne sais pas encore comment. Nous sommes dans une phase de grande confusion", ajoute-t-elle.
Des candidats en ordre dispersé. Interrogé par France 2, le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a défendu l'organisation d'une primaire de "la gauche de gouvernement", rejetée par les "frondeurs" du PS et la gauche de la gauche. "Moi je tends la main à toute la gauche parce que si la gauche n'est pas unie (...) nous serons éliminés et ça durera longtemps", a-t-il déclaré, tout en se montrant pessimiste. "C'est un peu tard. Ce n'est pas désespéré, il faut continuer à essayer d'y travailler, mais ça ne peut pas être une formule pour cacher la division des frondeurs", a-t-il dit. "Je n'y crois pas trop (...) parce qu'il y a une partie de la gauche qui estime qu'on ne peut pas faire une primaire avec l'autre partie de la gauche."
Une autre ancienne ministre de François Hollande, Cécile Duflot, a confirmé sur RTL sa candidature à la primaire d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV), "parce que moi je suis une écologiste". Quant à l'ex-ministre de l'Economie Arnaud Montebourg, lui aussi candidat à la présidentielle, il a de nouveau mis en doute la "loyauté" de la primaire organisée par le PS. "Cet outil-là, il ne peut pas être un outil de convenance personnelle", a-t-il déclaré sur France Inter en ciblant le chef de l'Etat. "Il faut que cette primaire soit loyale, ouverte." "Je suis évidemment candidat dans le cadre d'une primaire (...) mais je souhaite que cette primaire soit loyale et équitable", a ajouté Arnaud Montebourg. Il a cependant dit qu'il accepterait le résultat si François Hollande remportait cette primaire.