"Nous déposerons dans les jours qui viennent au Sénat une proposition de loi pour contrer ce qui est une forme de sécession, puisque ces listes veulent privilégier une partie de la population alors que notre République est indivisible", indique Bruno Retailleau dans Le Journal du Dimanche. Le président du groupe LR au Sénat justifie son raisonnement en s'appuyant sur l'Union des démocrates musulmans français (UDMF). "Après avoir présenté une liste aux Européennes, l'UDMF veut maintenant en présenter aux municipales", explique-t-il. Créé en 2012, ce parti a recueilli moins de 29.000 voix aux Européennes, avec cependant des pics dans quelques communes en région parisienne.
Le sénateur propose "d'interdire tout financement public d'un mouvement communautariste, qui ne respecterait pas les principes de souveraineté nationale et de laïcité, et de prohiber, sous le contrôle du juge administratif, les candidatures et la propagande électorale communautaristes".
"Une stricte neutralité" pour les élus
Cela impliquera "l'interdiction de signes religieux comme le voile sur les affiches ou les professions de foi" et "nous souhaitons aussi que les élus, dans l'exercice de leur mandat, soient désormais tenus à une stricte neutralité, comme c'est le cas pour les fonctionnaires, lorsqu'ils représentent la collectivité, notamment lors des cérémonies officielles ou des réunions des assemblées territoriales", poursuit Bruno Retailleau.
Aujourd'hui, la jurisprudence de la Cour de cassation n'élargit pas aux conseillers municipaux le devoir de neutralité religieuse des agents publics.
"Emmanuel Macron est d'une formidable ambiguité"
Le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand (ex-LR) a mis la question de ces listes sur la table mi-septembre, demandant au gouvernement de prendre les dispositions pour interdire "qu'il y ait aux prochaines élections municipales des 'listes communautaristes'". Le ministre chargé des Collectivités territoriales Sébastien Lecornu a plutôt appelé cette semaine à "des fronts républicains locaux" pour faire barrage à d'éventuelles listes communautaires lors des municipales de mars 2020.
Bruno Retailleau juge que "l'islam politique tente de construire une contre-société à visée séparatiste et antirépublicaine" et que "face à cela, Emmanuel Macron est d'une formidable ambiguïté". Le sénateur estime en outre que "si la révision constitutionnelle arrive à son terme, il faudra aussi préciser notre définition de la laïcité". Il propose "d'inscrire dans la Constitution que 'nul ne peut se prévaloir de sa religion pour se soustraire à la règle commune'", ce qui selon lui "réglera tous les débats sur les horaires différenciés de piscine, par exemple".