"Je ne suis pas Emmanuel Hollande". Emmanuel Macron a tenté de tuer son hologramme, celui en tout cas que ses adversaires agitent dans leur meeting. Dans une longue séquence, notamment devant l’invité mystère, François Ruffin, le candidat d’En marche ! a tiré à boulets rouges sur le président de la République.
La rupture est totale. "Je ne serai pas un président normal", "je ne monterai pas sur les camions pour faire des promesses intenables" - allusion au candidat Hollande juché sur un camion haranguant les ouvriers de Florange -, "je ne serai pas un président de l’anecdote", "Je ne serai pas copain avec les journalistes", … Je ne sais pas si François Hollande était devant sa télévision pour assister au bel hommage que lui a rendu son ancien protégé mais c’était assez tranchant. Ça rappelle la rupture version Nicolas Sarkozy. Lorsque il était ministre, il avait défié Chirac Président en le comparant à un Louis XVI déclinant : "Moi je n'ai pas la vocation à démonter des serrures à Versailles pendant que la France gronde".
"Je suis plus tranchant, j’assume ce que je fais". Au-delà des critiques sur la présidence Hollande, est-ce qu’il s’est démarqué sur le fond, sur le programme ? Il a donné des gages sur plusieurs dossiers. "Après une médiation de 6 mois, je ferai évacuer la ZAD de Notre-Dame-des-Landes", a-t-il promis. "Je fermerai la centrale de Fessenheim pendant mon mandat", a-t-il également annoncé. Emmanuel Macron s’est aussi prononcé pour une intervention en Syrie, sous l’égide de l’ONU. Il a tenté de démonter les accusations sur son ambiguïté supposée, sur le côté "On ne sait pas ce qu’il pense, on comprend rien" en marquant sa rupture avec le président sortant. "Je ne suis pas lui", a-t-il lancé. Et d’enfoncer le clou : "je suis plus tranchant, j’assume ce que je fais".
Le candidat du "en même temps". C’était habile mais pas encore totalement convaincant. "Et en même temps" : cette expression, qui consiste à choisir sans totalement l’assumer, sans aller au bout, à ménager la chèvre et le chou, Emmanuel Macron l’a beaucoup utilisée jeudi soir pour justement ne pas trancher. Cette expression très consensuelle, on la retrouve toujours dans les discours de François Hollande. Disons que la mue d’Emmanuel Macron, la rupture, est en cours, mais pas encore totalement achevée.