Le président de la République Emmanuel Macron s'est rendu au chevet de la Mer de Glace, un glacier situé dans le massif du mont Blanc jeudi, pour symboliser le virage écologique de son quinquennat. Sur Europe 1 jeudi, le député insoumis François Ruffin a qualifié cette visite de "sommet de la foutaise et de l'hypocrisie".
Emmanuel Macron s'est rendu jeudi à la Mer de Glace, dans le massif du mont Blanc, en guise de symbole du tournant écologique de son mandat et en amont des élections municipales. Après avoir réuni le Conseil de défense écologique mercredi matin, le président de la République a d'abord passé la nuit à 2.000 mètres d'altitude dans le refuge de Montenvers. Puis il a voulu se montrer, jeudi, au chevet de la Mer de Glace qui recule de huit à dix mètres par an et a perdu environ deux kilomètres depuis 1850. Certainement l'illustration la plus spectaculaire du changement climatique en France.
Le chef de l'Etat "impressionné"
Dans le cadre de ce déplacement mûrement réfléchi et préparé par l'Elysée, Emmanuel Macron est arrivé tôt dans une tenue de ski, aux manches bleu, blanc, rouge. Après un passage par la télécabine, le président a gravi les 500 marches qui mènent au glacier. Celles-ci sont ponctuées de petites plaques qui indiquent le recul de la Mer de Glace. "Impressionnant", a soufflé le chef de l'Etat. Un scientifique présent a confié à Europe 1 que la fonte de la Mer de Glace pourrait être totale d'ici une cinquantaine d'années.
Son guide du jour, le glaciologue Luc Moreau, lui a ensuite montré la grotte de glace. "Vous, votre travail, forcément il n'est pas sur le temps court. Malheureusement, vous ne verrez pas pendant votre mandat [l'effet] des décisions que vous allez prendre", l'a-t-il averti. "Vous avez raison. Et on voit d'ailleurs à quel point les non-décisions d'il y a longtemps conduisent à ça", a répondu le chef de l'Etat.
En fin de matinée, le chef de l'État a prononcé à Chamonix un discours ardent sur "l'urgence" climatique, "le combat du siècle" selon lui. Il a confié avoir ici ressenti "notre propre vulnérabilité, la fragilité de ce paysage qu'on pensait inamovible". "Il faut démontrer que cette stratégie est compatible avec les progrès économique parce que c'est la stratégie à laquelle je crois", a-t-il pris soin d'ajouter. Le "combat pour la biodiversité est indissociable de la lutte contre le réchauffement", a également ajouté le chef de l'État. Quelque "60 % des animaux sauvages ont disparu ces 50 dernières années, les espèces disparaissent à un rythme 1000 fois supérieur au taux d'extinction naturelle", a déclaré Emmanuel Macron, qui lançait aussi pour l'occasion l'Office français de la biodiversité (OFB).
Sans annonce nouvelle, il a surtout dressé le tableau d'actions qu'il a liées aux objectifs écologiques, citant la revitalisation des centres-villes pour lutter contre l'étalement urbain, la loi sur le recyclage ou encore la création, annoncée la veille, de nouveaux parcs naturels, y compris pour protéger le mont Blanc.
"Un sommet de la foutaise et de l'hypocrisie", pour François Ruffin
Sur place, une manifestation contre cette pollution et la réforme des retraites a réuni 250 personnes, mais elle a été dispersée avant l'arrivée d'Emmanuel Macron. "Venir pleurer devant la Mer de Glace alors que les accords des conférences climat ne sont pas respectés et que les émissions de gaz à effet de serre augmentent, c'est de la parade, c'est de la com'", tançait dans le cortège Pierre Delpy, conseiller en énergie dans une association.
Sur Europe 1 jeudi, le député de La France insoumise François Ruffin a pour sa part estimé que la visite d'Emmanuel Macron dans le massif du mont Blanc était "un sommet de la foutaise et de l'hypocrisie". Il a fait le lien entre la circulation des camions qui traversent le tunnel du mont Blanc et la fonte de la Mer de Glace. "Or depuis le début du mandat de Macron, il n'y a eu aucune mesure de prise en matière de ferroutage", a-t-il regretté, citant l'exemple de la Suisse dans ce domaine.
"Ce qu'on demande à Emmanuel Macron, qui est président de la République, pas président du conseil départemental de Haute-Savoie, [ce n'est] pas de légiférer sur qui va pouvoir grimper en haut du Mont-Blanc", mais des "mesures structurelles sur comment on fait pour qu'il y ait moins de gaz à effet de serre dans ce pays, et pour ça il faut ça qu'il y ait moins de camions qui le traversent", a-t-il ajouté.