On l'a peu entendu depuis sa démission, mais le revoilà sur le devant de la scène. Emmanuel Macron s'apprête à donner, mardi soir, un meeting à Strasbourg, pendant lequel il doit livrer le "diagnostic" de la France fait avec son mouvement, En Marche !. Et cette première réunion publique d'une série de trois est très attendue.
Une "pression de dingue". Tant attendue que l'équipe de l'ancien ministre de l'Économie ne cache plus sa fébrilité. "Ne soyez pas surpris si j'ai devant vous une expérience extra-corporelle, je dors deux heures par nuit depuis quinze jours, j'ai une pression de dingue", confiait l'un des plus proches collaborateurs d'Emmanuel Macron la semaine dernière. Une "pression de dingue" qui s'explique notamment par la popularité de leur champion, toujours en tête des sondages d'opinion aux côtés d'Alain Juppé. Il incarne une forme de renouveau, d'appel d'air, avant même d'avoir présenté un programme. La difficulté pour lui sera donc d'être à la hauteur de la très forte attente qu'il a suscitée.
Propositions chocs. Pas question, donc, de sortir une boîte à outils ou un catalogue. Il faut renverser la table, dégainer des propositions choc, une vision. Il devrait donc y avoir du concret à Strasbourg, au risque de décevoir et de s'éteindre. Emmanuel Macron le sait, à tel point qu'il verra les journalistes en "off" avant le meeting, en début d'après-midi, pour leur expliquer ce qu'il va annoncer, avec interdiction de le divulguer. Lorsqu'on a besoin d'expliquer avant ce qu'on va annoncer après, ce n'est jamais très bon signe.
Pas de primaire. Dans tous les cas, Emmanuel Macron exclut de participer à la primaire de la gauche. Impossible pour celui qui se présente comme "hors système". Mais cette stratégie est risquée. Le candidat qui sortira vainqueur de ce scrutin pré-présidentiel sera légitime, adoubé par les suffrages des sympathisants. Un concurrent très sérieux. Les rapports de force de demain ne seront pas forcément ceux des sondages d'aujourd'hui. Et si les proches d'Emmanuel Macron aiment le comparer au jeune candidat Kennedy battant Nixon, vice-président républicain en 1960, ils oublient un peu vite que John Kennedy était, lui, issu du système politique et porté par le parti démocrate. Il ne marchait pas tout seul.