Un moment délicat. Emmanuel Macron prendra la parole jeudi devant le 100ème Congrès des maires de France à Paris. Une allocution devant 15.000 élus qui n'ont pas manqué de faire savoir ces dernières semaines leur mécontentement face aux économies demandées et face à la suppression progressive de la taxe d'habitation pour 80% des ménages.
"Je suis assez dubitatif". Et mercredi soir, pour préparer le terrain, Emmanuel Macron en a reçu 1.000 d'entre eux à l'Elysée. Beaucoup, pourtant, sont ressortis déçus de cette rencontre, n'ayant pu échanger avec le chef de l'Etat. "Je n'ai pas vu le président. Mais s'il veut se rabibocher, il faudrait peut-être qu'il vienne nous voir", déplore auprès d'Europe 1 un élu à la sortie du palais présidentiel. "J'ai le sentiment que l'on nous servait des petits fours avant le discours de demain pour mieux le digérer. Je suis assez dubitatif de cette soirée", avoue un maire.
Un sentiment partagé par l'un de ses confrères : "C'est sympa de nous inviter à manger des petits fours, mais il y avait peut-être un message à délivrer, ce qui n'a pas été fait, et je trouve ça bien dommage". Un dernier conclut : "Dans le fond, il manquait quelque chose, et pas un petit quelque chose : le président de la République !"
Une déclaration d'amour. Emmanuel Macron aura certainement voulu réserver ses effets pour son allocution de jeudi. Elle devrait prendre la forme d'une grande déclaration d’amour : quarante pages pour une heure et demi de discours. Le président va tenter de les rassurer, en expliquant que la taxe d’habitation est vouée à disparaître, mais qu’à la place, ils bénéficieront d’un nouvel impôt autonome, sans doute dès 2020, et que d’ici là, l’exonération de cette taxe sera compensée à 100%.
" Pas de cadeau, mais des annonces "
Une plus grande autonomie des maires. En résumé, le chef de l'Etat expliquera qu'il ne touchera pas aux ressources des maires. Et quant aux 13 milliards d'économies demandées aux collectivités territoriales, "ce ne sera pas de l’argent en moins, mais le fruit d’une hausse maîtrisée des dépenses de fonctionnement". Emmanuel Macron a préparé ses formules et compte éviter les sifflets en offrant quelques libertés supplémentaires. Grâce à la réforme constitutionnelle, les maires devraient ainsi pouvoir adapter certaines normes, expérimenter seul des dispositifs, bénéficier d’une nouvelle agence pour la cohésion des territoires, et surtout ne pas être obligé de fusionner avec la petite commune voisine.
Le président renouvellera également sa promesse d’un quinquennat sans big bang territorial. "Il sait très bien ce qu’on attend. Je suis sûr qu’il va relever le défi sans jouer au père Noel", confie un représentant des maires. En effet, "pas de cadeau, mais des annonces", assure un proche du président.