Emmanuel Macron a dénoncé avec véhémence, dans l'avion le ramenant d'Israël jeudi soir, "les discours politiques extraordinairement coupables" affirmant que la France est devenue une dictature, et justifiant de ce fait la violence politique et sociale. "Aujourd'hui s'est installée dans notre société, et de manière séditieuse, par des discours politiques extraordinairement coupables, l'idée que nous ne serions plus dans une démocratie, qu'une forme de dictature se serait installée", accuse le président dans un entretien que doit diffuser Radio J vendredi matin.
Et de lancer : "Mais allez en dictature ! Une dictature, c'est un régime où une personne ou un clan décident des lois. Une dictature, c'est un régime où on ne change pas les dirigeants, jamais. Si la France c'est cela, essayez la dictature et vous verrez ! La dictature, elle justifie la haine. La dictature, elle justifie la violence pour en sortir. Mais il y a en démocratie un principe fondamental : le respect de l'autre, l'interdiction de la violence, la haine à combattre".
"Un devoir de respect"
Selon Emmanuel Macron, "tous ceux qui aujourd'hui dans notre démocratie, se taisent sur ce sujet, sont les complices, aujourd'hui et pour demain, de l'affaiblissement de notre démocratie et de notre République." Questionné sur la violence, le chef de l'Etat a jugé que "celles et ceux qui portent cette violence, celles et ceux qui, avec cynisme quelquefois, l'encouragent, celles et ceux qui taisent tout reproche qu'il faut avoir oublient une chose très simple: nous sommes une démocratie".
"Une démocratie", explique-t-il, "c'est un système politique où l'on choisit nos dirigeants. C'est un système politique où l'on choisit des représentants qui auront à voter librement les lois qui régissent la société. Cela a beaucoup d'exigence, cela veut dire que la liberté du peuple et sa souveraineté sont reconnues. Mais cela a une contrepartie, c'est que dans une démocratie, on a un devoir de respect à l'égard de ceux qui représentent et votent cette loi, parce que précisément, on a le pouvoir de les révoquer. On a l'interdiction de la haine, parce qu'on a le pouvoir de les changer !"
Interrogé au retour d'Israël, où il a participé jeudi aux commémorations de la libération du camp nazi d'Auschwitz, le Président français a par ailleurs précisé son analyse de l'antisémitisme, qu'il relie à la crise économique et sociale. "Toutes les démocraties occidentales vivent une crise, et c'est une crise qui s'exacerbe devant les grandes peurs contemporaines", a-t-il estimé, citant la transformation numérique et la transformation climatique. Or d'après lui, "l'antisémitisme est la forme la plus avancée, à chaque fois la plus radicale de la peur de l'autre".