Et maintenant, Emmanuel Macron en marche vers 2017 ?

Le 12 juillet, Emmanuel Macron avait tenu un meeting à La Mutualité. Le premier, mais sans doute pas le dernier. © PATRICK KOVARIK / AFP
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Désormais ex-ministre de l’Economie, Emmanuel Macron peut se tourner vers la présidentielle de 2017. Reste à définir son rôle. 

En quittant le gouvernement mardi, Emmanuel Macron n’a certainement pas mis un terme à sa carrière politique. Au contraire. Car le désormais ex-ministre de l’Economie voit en fait beaucoup plus haut. Comme beaucoup, c’est l’Elysée qu’il lorgne, et sa démission est évidemment à envisager dans le cadre de cette ambition. Et ça tombe bien, car il y a une élection présidentielle dans moins de neuf mois. La question d’une candidature d’Emmanuel Macron se pose donc forcément. Mais tout ne dépend pas de lui.

Si Hollande est candidat… C’est en fait François Hollande qui décidera en grande partie de l’avenir proche de l’ancien ministre, en décidant du sien. S’il est candidat, difficile d’imaginer Emmanuel Macron se présenter face à lui. Il fut pendant deux ans l’un de ses ministres les plus en vue, a été auparavant secrétaire général adjoint de l’Elysée, et faisait partie intégrante de son équipe de campagne en 2012. Une candidature dissidente passerait donc immanquablement pour une trahison, ce que les électeurs goûtent peu. François Hollande candidat, ce serait donc un coup d’arrêt aux ambitions d’Emmanuel Macron, qui devrait se contenter d’essayer d’orienter la candidature du président sortant dans le sens qu’il souhaite.

Le pari d’un empêchement de Hollande. Mais si l’ancien ministre de l’Economie a quitté le gouvernement, c’est qu’il fait un tout autre pari : celui que François Hollande, trop impopulaire, dans l’incapacité de défendre un bilan jugé trop négatif par l’opinion, prenne la décision de ne pas se représenter. Il n’est pas le seul à envisager de plus en plus sérieusement cette hypothèse. A gauche, et jusqu’au sein du gouvernement, nombreux sont ceux à croire à un empêchement du président sortant. C’est clairement cela qu’Emmanuel Macron a en tête. Et c’est pour cela qu’il a lancé en avril dernier son mouvement En Marche !.

En Marche ! est opérationnel. Un mouvement qui, sous couvert d’une association, n’est en fait rien d’autre qu’un parti politique. Pas grand-monde n’est dupe, l’Elysée au premier chef qui, dans son communiqué d’annonce, a assuré qu’Emmanuel Macron avait démissionné "pour se consacrer entièrement à son mouvement politique".

En Marche ! fait partie des atouts qu’Emmanuel Macron a dans sa manche pour 2017. Le mouvement compte en effet 60.000 adhérents revendiqués, une force de frappe remarquable pour un mouvement neuf, derrière un homme politique nouveau. L’autre force de l’ancien ministre, c’est d’incarner indéniablement une aspiration de nombreux électeurs au renouvellement, à faire de la politique autrement. Nombre de ses adhérents sont d’ailleurs novices en politique et issus de la société civile.

Macron encore trop seul. Mais les écueils sont nombreux pour Emmanuel Macron. D’abord parce que l’ancien ministre est un peu seul. Dans ses soutiens, rares sont les personnalités connues du grand public. Seul Gérard Collomb, le maire de Lyon, bénéficie d’une certaine notoriété. Les parlementaires Pascal Terrasse, Arnaud Leroy, Richard Ferrand ou Alain Tourret sont nettement moins identifiés. Or, une campagne ne se fait pas seul. Emmanuel Macron ne pourra pas porter sa parole partout. Il lui faudra un directeur de campagne, des porte-parole, bref une logistique lourde qu’il est pour l’heure loin d’avoir. Et mine de rien, la présidentielle arrivera vite.

Alors Emmanuel Macron va progresser rapidement, mais par étapes. Fin septembre, le résultat du porte-à-porte effectué par ses milliers de marcheurs sera présenté. De quoi formuler des propositions en octobre. Là, en fonction de l'accueil reçu, -dans les sondages, auprès des élus, de la société civile-, il déterminera s'il peut se présenter en ayant l'espoir de l'emporter. car si l'ancien ministre y va, ce n'est pas pour faire de la figuration, mais pour gagner. 

Valls ne laissera pas faire. L’autre obstacle, si François Hollande ne se présente pas, s’appelle Manuel Valls. Le Premier ministre est lui aussi bien décidé à être l’alternative à gauche. Les deux hommes, dont la relation est devenue délétère ces derniers temps, se disputent le même créneau du social-libéralisme. A la différence près que le chef du gouvernement a pour lui d’être mieux identifié par le grand public, de par son parcours. Il a été maire d’Evry, candidat à la primaire socialiste, Premier ministre évidemment, et peut donc se prévaloir d’une expérience plus longue qu’Emmanuel Macron, qui n’a jamais été élu.

Pour l’heure, Emmanuel Macron reste une comète. Qui a certes brillé exceptionnellement ces derniers mois, mais qui, en quittant le gouvernement, prend le risque de sortir des radars et donc de s’éteindre. Exister encore, par lui-même : tel est le principal enjeu des semaines à venir pour l’ancien ministre de l’Economie.