Attendu au tournant lors de son premier meeting depuis sa démission du ministère de l'Économie, mardi soir à Strasbourg, Emmanuel Macron a fait beaucoup de "diagnostic" et quelques propositions. Surtout, il a inventé un nouveau concept : le populisme chic.
Classe politique indigne de confiance. De fait, ses suggestions étaient toute entières tournées vers l'idée de rendre le pouvoir au peuple. Emmanuel Macron propose par exemple que le président de la République soit soumis, chaque année, à un jury citoyen. Ou encore que les ministres soient auditionnés par les parlementaires pour attester de leurs compétences et, très important, qu'ils aient un casier vierge. Pour lui, le chef de l'État est donc indigne de confiance et ses ministres a priori incompétents. Tous forment un "entre-soi" dont il faut sortir. On n'est certes pas dans la dénonciation du "tous pourris", mais le renouveau chanté par Emmanuel Macron est un brin populiste. L'ancien ministre alimente la suspicion et la défiance du peuple à l'égard de ceux qui le gouvernent.
Un air de déjà-vu. Le meeting de Strasbourg n'était que le premier d'une série de trois. Le fondateur d'En Marche ! aura donc de nouvelles occasions d'étoffer ses propositions. Mais, en fait de renouveau, il se dégage jusqu'ici de son parcours un air de déjà-vu. Comme si Emmanuel Royal voulait réhabiliter Ségolène Macron. Chaque élection présidentielle a son candidat anti-système, brillant, séduisant et populaire, qui s'affranchit des appareils politiques et se présente comme le candidat du "vrai" peuple. C'était le cas de Ségolène Royal en 2007 ou, dans un autre registre, de Jean Lecanuet en 1965. À l'époque, le centriste de 45 ans, à l'aise à la télévision, promettait de bousculer le système. Il a finalement échoué au premier tour.
Chaque élection a sa promesse de renouveau et, pour l'instant, Emmanuel Macron n'y a pas encore totalement répondu.