Emmanuel Macron a tenté mercredi soir un exercice de clarté, à grand renfort de graphiques, d'objectifs précis et de dates. Minutieusement préparées, ses 24 minutes d'allocution ont été enregistrées dans la salle des fêtes de l’Elysée, avec un objectif : "la lisibilité des mesures" contre le Covid-19 explique un conseiller à Europe 1. D’où la présence de plusieurs infographies autour d’Emmanuel Macron, des courbes pour illustrer ses explications et marquer les esprits : les dates pour les fermetures des écoles, le calendrier de la vaccination, etc. Ces visuels ont été diffusés dans la foulée sur les réseaux sociaux par les membres de la majorité pour appuyer la communication élyséenne.
"On a appris sur le besoin de clarté"
"C’est concret", applaudit un ministre. Ce plan com' était très préparé donc, et riche en détails, ce qui n'est pas toujours le cas avec l’Elysée qui se contente généralement, dans ses annonces, des grandes lignes, laissant le détail de l'explication de texte à Matignon et au Premier ministre.
L’entourage du président de la République reconnaît qu’il y a eu un travail particulier sur les formulations et la mise en image. "Quand on dit qu’on a appris dans la crise, on a aussi appris sur le besoin de clarté", concède une proche d’Emmanuel Macron.
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Un changement de forme au service d'un pari politique
L’enjeu dépasse largement la simple communication car, comme on le reconnaît à l’Elysée, ce n’est qu’en énonçant clairement des mesures qu’elles ont une chance d’être acceptées et appliquées par les Français. D'autant que le chef de l'Etat ne veut surtout pas qu'on puisse parler d'un échec de son pari politique qui reposait jusque-là sur deux mesures, qu'il avait érigées lui-même en totem : maintenir les écoles ouvertes et ne pas reconfiné. Le revirement de jeudi soir devait donc être minutieusement justifié devant les Français, notamment par la mise en place de nouveaux objectifs : accélérer la vaccination et, surtout, rouvrir des terrasses et certains lieux de culture au mois de mai.
Un nouveau pari audacieux, mais tout aussi risqué que le précédent. Car s'il n'est pas en mesure d'honorer son engagement à un an de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron pourrait facilement être comparé à François Hollande, qui avait conditionné sa candidature en 2017 à l'inversion de la courbe du chômage. Avec l'issue qu'on connaît : François Hollande avait préféré ne pas se représenter.