Le président de la République, en déplacement dans la Drôme où il a rencontré des élus jeudi, a créé la surprise en se rendant en fin d'après-midi à un débat avec des citoyens à Bourg-de-Péage.
Le président n'a pas uniquement rencontré des élus : en déplacement dans la Drôme dans le cadre du "grand débat national" jeudi, où il a échangé de nouveau avec des maires, Emmanuel Macron a décidé, en fin d'après-midi, d'assister à un débat-citoyen organisé à Bourg-de-Péage.
Visite surprise. Emmanuel Macron est arrivé, sous les applaudissements, vers 18 heures, devant une assemblée de 200 citoyens, dont des "gilets jaunes". "Pardon de m'inviter au dernier moment", s'est excusé le président à son arrivée dans la "Maison des associations" de cette localité de 10.500 habitants. Cet échange n'était en effet pas prévu à son agenda. Les forces de l'ordre, à cran, s'étaient attelées au dernier moment à sécuriser à la zone tout en filtrant les personnes inscrites au débat.
Notre journaliste a pu filmer son arrivée sur les lieux :
3h15 d'échanges. Dans la salle, beaucoup de retraités et de chefs d'entreprise. Au premier rang, le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume et Emmanuelle Wargon, la secrétaire d'État à la Transition écologique. À la fois combatif et détendu, Emmanuel Macron s'est plié au jeu du questions-réponses avec des Français courtois mais bien décidés à lui "remettre les idées en place". Le président debout, micro en main, a répondu pendant 3h15, n'éludant aucun sujet : l'ISF, l'école, le glyphosate, l'emploi et même des sujets techniques ou plus insolites comme la cyber-sécurité ou les courses hippiques.
Et comme à son habitude, le président est resté ferme face aux critiques. "Est-ce qu'il y a deux ans, quand il y avait l'ISF, on vivait mieux et il y avait moins de SDF ? Non, je ne l'ai pas fait pour faire un cadeau à des gens", a-t-il affirmé. "Ben si", a répondu en cœur l'assemblée. "Non, c'est pas vrai", a rétorqué Emmanuel Macron.
Aller voter plutôt que de bloquer des ronds-points. "On en a marre de la politique", a assuré Thierry, gilet jaune sur les épaules et bandana fluo dans les cheveux. "Je rêve que vous dissolviez l'Assemblée nationale et que le peuple aille revoter." Sans surprise, le président lui a opposé une fin de non recevoir. "Je ne peux pas accepter que la démocratie soit un système dans lequel des gens sont fiers de ne pas aller voter mais où ils bloquent les ronds-points quand ils ne sont pas d'accord. Ce n'est pas la démocratie", a rétorqué le président sous les applaudissements de l'assemblée.
"Proposez de vraies réformes", demande le président. Le face-à-face s'est néanmoins poursuivi sur un autre thème. "Je voudrais que les lois soient faites pour tout le monde à la même enseigne", a demandé Thierry. Emmanuel Macron a alors appelé les "gilets jaunes" et les Français à prendre leurs responsabilités.
"Changer le système, ce n'est pas seulement dire 'Je ne vais pas à l'élection, foutez le système de l'air. Je suis en colère mais je n'ai rien à proposer.' Proposez des vraies réformes, mais les réformes vont avec les contraintes, les enfants, ce n'est pas open-bar !" Les échanges n'ont pas été si musclés. Il a parfois été applaudi et la parole a été distribuée dans la bonne humeur par l'hôtesse de la soirée, la maire PS de Bourg-de-Péage, Nathalie Nieson.
Une manière pour Macron de se montrer disponible. À 21h15, Emmanuel Macron a conclu les débats, s'attardant quelques minutes avec des citoyens et promettant déjà des "mesures très concrètes à l'issue du débat". Avec cette visite surprise, Emmanuel Macron s'est montré à la disposition des Français, une manière de contredire l'opposition qui l'accusait jusque-là de rester dans sa zone de confort en allant seulement au contact des maires.