Le ministre de l'Economie reçoit, vendredi à Bercy, 1.000 diplômés des quartiers pour les faire rencontrer des entreprises.
Gigantesque "job dating" à Bercy. Un millier de jeunes diplômés des quartiers sont reçus au ministère de l'Economie vendredi pour y rencontrer 500 entreprises. L'événement a été initié par Emmanuel Macron, bien décidé à s'emparer du dossier des banlieues. Car le ministre ne devrait pas s'arrêter là.
Testing et déplacement. Emmanuel Macron s'apprête en effet à annoncer une série de mesures pour soutenir l'emploi de la jeunesse populaire, avec notamment un durcissement de la répression pénale à l’encontre des entreprises aux pratiques discriminatoires. Dès le mois de mars, Bercy enverra des CV tests un peu partout pour piéger et confondre les contrevenants. Le ministre de l'Economie se rendra également à Trappes, quartier réputé sensible des Yvelines.
"Je leur parle création d'entreprises". Le constat d'Emmanuel Macron est simple : les politiques de soutien, contrats aidés et allocations en tête, ne marchent pas. Le ministre veut donc essayer autre chose, à sa manière. "Ce qui est insupportable, quand on vient d'un quartier, c'est de considérer qu'on est un public éligible à des mécanismes d'aide. Moi, je leur parle création d'entreprises", explique celui qui s'est fait le chantre de la réussite individuelle. "Les jeunes que je vois ont beaucoup envie de parler business. Ils ont envie de réussir sur le plan économique. Mais ils ne veulent pas réussir un peu, ils veulent être les meilleurs au monde."
"Macron me parle". Ce discours n'est pas sans rappeler une fameuse interview donnée il y a un an. "Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires", avait alors confié Emmanuel Macron aux Echos. La phrase avait choqué rue de Solférino, dans le 7e arrondissement de Paris. Nettement moins en Seine-Saint-Denis. "Macron me parle", assène ainsi Youness Bourimech, entrepreneur à Bondy. Lui se démène depuis 15 ans pour créer des entreprises, des emplois et de la richesse. Et considère que le ministre de l'Economie incarne "le futur". "Peut-être est-ce parce qu'il a une bonne tête, je ne sais pas. Il passe bien, il parle bien, il sait ce qu'il dit. Il vient du privé. Il ne dit pas qu'il va nous aider, il nous dit de faire. Il faut arrêter de parler, de pleurer. Il faut faire", considère Youness Bourimech.
Carte maîtresse pour 2017. A Bercy, on est donc décidé à faire mentir Manuel Valls. Le Premier ministre, ancien maire d'Evry, a longtemps considéré la banlieue comme sa chasse gardé et lançait récemment à ses ministres, dont Emmanuel Macron, qu'ils n'y comprenaient rien. Ce point de vue est loin de faire l'unanimité, y compris au sommet de l'Etat. François Hollande est ainsi le premier à mesurer la très forte popularité de son ministre de l'Economie dans les quartiers. "Ce sera une carte maîtresse en 2017, et d'ici là, chaque fois qu'on se déplacera en banlieue, ce sera avec lui", souffle-t-on dans les couloirs de l'Elysée.