Emmanuel Macron a revêtu charlotte et blouse blanche vendredi pour visiter l'usine du groupe Delpharm d'Eure-et-Loir, la première en France à embouteiller le vaccin de Pfizer/BioNTech contre le Covid-19. Si la France ne dispose pas d'un vaccin français, l'Etat a aidé Delpharm à mettre sur pied en cinq mois cette ligne de mise en flacon du vaccin fabriqué par BioNTech à Marbourg, en Allemagne. Plusieurs autres sites français vont également bientôt sous-traiter pour des vaccins américains et européens.
"Ce virage, nous l'avons pris moins vite"
"Quatre sites en France vont produire sur notre sol 250 millions de doses de vaccins pour la France et les autres pays européens. Nous allons continuer à accroître ainsi notre indépendance", a déclaré le chef de l'Etat après sa visite. Pour cette opération, Delpharm, qui compte 17 sites et 4.700 salariés, a embauché 60 personnes supplémentaires et investi 20 millions d'euros sur son site de Saint-Rémy-sur-Avre, dont 10,4 millions apportés par l'Etat. Le groupe va recevoir 20 millions supplémentaires pour sortir sur son site de Tours "des seringues pré-remplies" du vaccin BioNTech, l'un des plus efficaces vaccins à ARN messager.
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Interrogé par la presse, le chef de l'Etat a de nouveau reconnu que la France avait raté le coche de ces nouveaux vaccins. Alors que "le programme américain a brûlé toutes les étapes qui était celui de l'ARN messager", "là-dessus il faut pleinement le reconnaître, ce virage, nous l'avons pris moins vite", a-t-il dit.
Des vaccins embouteillés dès cet été par Sanofi
Mais "dès le mois de juin 2020, à une époque où nos scientifiques me disaient qu'on n'aurait jamais de vaccin dans l'année et (que) moi-même je vous le disais, nous avons investi dans ces programmes" de fabrication en sous-traitance, a-t-il plaidé. Il a aussi assuré que la France pourrait à terme "produire plusieurs vaccins français, le vaccin de Sanofi, qui est toujours en train d'avancer, et le vaccin Valneva". Cette biotech de Nantes enregistre de premiers résultats encourageants pour son vaccin, déjà commandé par le Royaume-Uni, alors que l'UE négocie encore.
Après Delpharm, la société Recipharm mettra en flacons des vaccins Moderna en Indre-et-Loire, l'entreprise Fareva s'occupera du vaccin CureVac - pas encore approuvé dans l'UE - dans l'Eure et les Pyrénées-Atlantiques et Sanofi embouteillera à partir de cet été le vaccin de son concurrent Johnson & Johnson, près de Lyon. Ces sites sont tous épaulés par l'appel à projet "Capacity building" de 200 millions d'euros qu'avait annoncé Emmanuel Macron en juin 2020 et piloté par la ministre déléguée à l'Industrie Agnès Pannier-Runacher qui accompagnait la visite.
"On a besoin de toutes les familles de vaccins"
La visite du chef de l'Etat intervient alors que la Haute autorité de Santé vient de recommander, pour les moins de 55 ans ayant reçu une dose du vaccin d'AstraZeneca, que leur seconde dose soit un vaccin à ARN messager. Le chef de l'Etat a cependant défendu le vaccin d'AstraZeneca pour les plus âgés, en citant l'avis de l'autorité européenne qui cite un avantage bénéfice/risque "tout à fait positif" pour les plus de 60 ans. "On attend l'avis de l'autorité française "dans les tous prochains jours", a-t-il noté.
"Vous savez, chaque jour, les médicaments que vous prenez ont de tels risques et parfois avec des risques statistiques qui sont eux à peu près ce dont nous parlons pour le vaccin d'AstraZeneca", a ajouté le chef de l'Etat. Pas question d'ailleurs de se passer de ce vaccin, estime-t-il. "On a un échéancier de livraison de commandes, avec des engagements qui ont été pris sur notre campagne vaccinale qui font qu'on a aujourd'hui besoin de toutes les familles de vaccins".