Elle n’a pas pris en marche le créneau du renouveau, l’un des marqueurs de cette campagne. Face au phénomène Macron, face à l’offre Mélenchon qui a fait une campagne innovante avec un programme très différent du précédent, Marine Le Pen a fait quasiment du copier-coller de 2012. Avec en étendard l’épouvantail de la sortie de l’euro, le retour aux frontières intérieures et bien sur la préférence nationale. Une campagne à l’ancienne, qui nous ramène même à l’avant 2012, à l’ère Jean-Marie le Pen. Je ne parle pas de la sortie sur le Vel' d’Hiv, coup de fatigue ou coup de com, ça rappelle les dérapages de son père.
Marine Le Pen campe sur ses acquis. Marine Le Pen n’a pas su inventer, se réinventer. Certains de ses proches, d’ailleurs, sont assez critiques avec la chef. L’un d’eux résume cette campagne de sur-place : "Que Marine Le Pen continue à faire des discours d’une heure sur l’immigration, ça n’a rien de surprenant et ce n'est pas ça qui nous ramènera une voix supplémentaire".
Un énorme capital. Et pourtant, elle reste très haut, et sur la dynamique des élections départementales et régionales, où elle avait recueilli 6,8 millions des voix, un niveau record. Elle a un énorme capital. Elle est toujours en tête chez les jeunes et chez les ouvriers, mais le risque quand vous avez un gros capital, c’est de le gérer tranquille et de se laisser endormir. Un peu comme Alain Juppé pendant la primaire de la droite qui s’est endormi avec ses beaux sondages, et qui a connu un réveil brutal.
Passer la marche du premier tour. Or, Marine le Pen doit encore aller chercher des voix, beaucoup de voix. En 2007 et en 2012, le ticket d’entrée pour le second tour de la présidentielle, c’est plus de 9 millions de voix. Compte tenu du fait qu’ils sont quatre candidats à être à un niveau élevé ce sera sans doute moins de 9 millions cette fois-ci mais tout de même pour passer de 6,8 millions à 8 millions ou un peu plus, il ne faut pas que la dynamique s’enraye, d’où la crispation et l’inquiétude de ses proches qui n’ont pas le sentiment que la campagne ait été, loin s’en faut, très réussie.