Arrivé dimanche soir à Oran, ville jumelée à Bordeaux, Alain Juppé prévoit de rester trois jours en Algérie. Il rencontrera le président, Abdelaziz Bouteflika, et tiendra une réunion publique devant la communauté française. Un déplacement très symbolique pour le candidat à la primaire à droite, qui soigne sa stature présidentielle.
Incontournable. L'Algérie est en effet une étape incontournable sur le chemin de l'Elysée. François Hollande s’y était rendu en décembre 2010, Nicolas Sarkozy en novembre 2006. Le premier y avait formulé pour la première fois le concept de "président normal", décliné ensuite pendant toute sa campagne avec succès. Jacques Chirac, lui, s'était rendu en Algérie une fois réélu, en 2003, et y avait reçu un accueil triomphal.
Un enjeu électoral considérable. Si le pays est si prisé des (futurs) chefs d'Etat, c'est qu'il entretient des liens très forts avec la France et représente un enjeu électoral considérable. Plus de 20.000 Français sont recensés au consulat de France à Alger. Surtout, on compte en France plus d'1,5 million de binationaux franco-algériens.
Se démarquer de Nicolas Sarkozy. Ce déplacement donne également à Alain Juppé l'occasion de se démarquer de son principal concurrent à la primaire, Nicolas Sarkozy. Ce dernier est en effet en délicatesse avec l'Algérie depuis sa visite en Tunis, le 20 juillet dernier. L'ancien président avait alors visité le musée du Bardo, tout juste touché par une attaque terroriste, et s'était désolé que la Tunisie, limitrophe de l'Algérie et la Libye, n'ait "pas choisi son emplacement". "L'Algérie, qu'en sera-t-il dans l'avenir, de son développement, de sa situation ? C'est un sujet qui, me semble-t-il, doit être traité dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée", avait ajouté Nicolas Sarkozy, s'attirant les foudres d'Alger. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si, du côté de Nicolas Sarkozy, aucune visite en Algérie n'est programmée dans les prochains mois.
L'immigration au cœur de la campagne. Derrière ce bras de fer diplomatique entre les deux hommes forts des Républicains se profile l'un des enjeux cruciaux de la primaire et de la prochaine élection présidentielle : l'immigration. L'électorat de droite est très mobilisé autour de cette thématique. Alors qu'Alain Juppé et Nicolas Sarkozy sont très proches sur le terrain économique et social, l'immigration et les questions qui en découlent constituent la ligne de fracture, le juge de paix de leur affrontement.