Le mot d'ordre était ni "aventurisme" ni immobilisme. Emmanuel Macron a dévoilé ce mercredi quelques pistes pour réformer la Constitution de la Ve République, et notamment sur une possible extension de l'usage du référendum, vaste chantier en forme de casse-tête sur lequel il a jusqu'ici buté faute de consensus politique.
Mener "à son terme" le "chantier" de l'élargissement du champ du référendum
Emmanuel Macron a assuré mercredi vouloir "mener à son terme" le chantier de l'extension du champ du référendum et s'est dit favorable à une mise en œuvre "plus simple" du référendum d'initiative partagée, en revoyant notamment les "seuils" requis. Mais, "étendre le champ du référendum ne peut permettre de se soustraire aux règles de l'État de droit", a prévenu le chef de l'État dans son discours au Conseil constitutionnel, rappelant qu'"on ne révise pas la Constitution sous le coup de l'émotion".
Le président de la République, qui s'exprimait à l'occasion du 65e anniversaire de la Constitution de 1958, a reconnu qu'il "existe encore des domaines importants pour la vie de la nation qui échappent au champ de l'article 11 de la Constitution", qui définit les possibilités de recours au référendum. Il n'a pas cité explicitement l'immigration, thème sur lesquels la droite et l'extrême droite voudraient pouvoir saisir les Français, mais a rappelé le caractère intangible du droit d'asile.
Créé en 2008, le RIP est soumis à des conditions si restrictives qu'il n'a pu être mis en œuvre jusqu'ici, ni contre la privatisation d'Aéroports de Paris, ni contre la réforme des retraites. Il ne peut être organisé "qu'à l'initiative d'un cinquième des membres du Parlement, soutenue par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales", soit 185 parlementaires et environ 4,7 millions de Français.
L'inscription de l'IVG dans la Constitution "dès que possible"
Le président a aussi annoncé souhaiter que l'inscription dans la Constitution du droit à l'avortement aboutisse "dès que possible". "J'ai exprimé mon souhait, le 8 mars dernier, que nous puissions trouver un texte accordant les points de vue entre l'Assemblée nationale et le Sénat et permettant de convoquer un Congrès à Versailles", a souligné le chef de l'Etat. "Je souhaite que ce travail de rapprochement des points de vue reprenne pour aboutir dès que possible", a-t-il ajouté.
"Repenser" l'organisation territoriale et ouvrir "une nouvelle étape de décentralisation"
Emmanuel Macron a promis d'ouvrir "le chantier d'une nouvelle étape de décentralisation", pour "donner plus de libertés mais aussi de responsabilités" aux élus locaux afin de "les aider à agir mieux". "Toute notre architecture territoriale est à repenser", a estimé le président de la République dans son discours au Conseil constitutionnel, jugeant que "l'empiètement" voire "la concurrence" entre les collectivités locales et l'État "produit de l'inefficacité pour l'action publique" et une "perte de repères pour nos concitoyens".