Emmanuel Macron a nommé jeudi l'ex-ministre et ancien commissaire européen de droite Michel Barnier, 73 ans, comme Premier ministre, a annoncé l'Elysée 60 jours après le second tour des élections législatives qui ont débouché sur une Assemblée nationale dépourvue de majorité. Le plus vieux Premier ministre de la Ve République succède ainsi à Matignon à Gabriel Attal, 35 ans, qui était lui le plus jeune. Il va devoir tenter de former un gouvernement susceptible de survivre à une censure parlementaire, pour mettre fin à la plus grave crise politique de la Ve République.
Les principales informations :
- Michel Barnier est officiellement nommé Premier ministre ce jeudi par Emmanuel Macron
- La passation de pouvoir entre Michel Barnier et Gabriel Attal s'est déroulée en fin d'après-midi à Matignon
- Le RN "jugera sur pièces son discours de politique générale" avant de le censurer ou non à l'Assemblée, assure Jordan Bardella
- "L'élection a été volée aux Français", accuse Jean-Luc Mélenchon
Une réunion à l'Élysée avec les membres de l'ancien gouvernement
Emmanuel Macron reçoit en ce moment même à l'Élysée les membres de l'ancien gouvernement ainsi que les cadres de l'ex-majorité présidentielle.
Barnier promet des "changements et des ruptures"
Michel Barnier promet des "changements et des ruptures".
Barnier promet de dire la vérité sur "la dette financière et écologique"
Michel Barnier promet de dire la vérité sur "la dette financière et écologique".
Barnier veut "répondre aux défis, aux colères et aux souffrances" des Français
Le nouveau Premier ministre veut "répondre aux défis, aux colères et aux souffrances" des Français.
"L'école restera bien la priorité du gouvernement", assure Barnier
Michel Barnier a assuré lors de son discours que l'école "restera bien la priorité du gouvernement", en réponse à la prise de parole de Gabriel Attal qui en avait fait "la mère des batailles".
Attal estime que "la politique française est malade" et appelle à "sortir du sectarisme"
Le Premier ministre sortant Gabriel Attal a estimé jeudi lors de la passation à Matignon avec Michel Barnier que la "politique française est malade", tout en assurant que "la guérison est possible à condition que nous acceptions tous de sortir du sectarisme". "Oui, il y a du pessimisme dans notre pays. La politique française est malade", a-t-il déclaré, appelant à sortir "des coups politiques" et à cesser "d'arrêter de tout voir en noir".
Attal demande à Barnier de "continuer à faire de l'école une priorité absolue"
Le Premier ministre sortant Gabriel Attal a demandé jeudi à son successeur Michel Barnier de "continuer à faire de l'école une priorité absolue" car "c'est l'assurance-vie de la République", lors de leur passation de pouvoir à Matignon. "L'école est la mère des batailles", a insisté Gabriel Attal, disant sa "reconnaissance à nos professeurs, aux équipes pédagogiques qui sont chaque jour aux côtés de nos élèves" et assurant penser "chaque jour à Samuel Paty et Dominique Bernard", deux professeurs "assassinés par le terrorisme islamiste" en 2020 et 2023.
Gabriel Attal, ancien Premier ministre : «Je veux dire aux Français combien je les aime» pic.twitter.com/zkUmjlsdXH
— CNEWS (@CNEWS) September 5, 2024
Emmanuel Macron remercie Gabriel Attal sur X
Dans un message publié sur X, le président Emmanuel Macron remercie son ex-Premier ministre Gabriel Attal. "Avec le gouvernement, vous avez fait avancer le pays et contribué à son rayonnement dans un moment important. Au service de nos concitoyens, la France au cœur", salue le chef de l'État.
Merci cher @GabrielAttal pour ces huit mois en tant que Premier ministre.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) September 5, 2024
Avec le Gouvernement, vous avez fait avancer le pays et contribué à son rayonnement dans un moment important. Au service de nos concitoyens, la France au cœur. pic.twitter.com/siS71fhsyo
Passation de pouvoir en cours
La passation de pouvoir à Matignon entre le Premier ministre démissionnaire Gabriel Attal et son successeur Michel Barnier a débuté ce jeudi à 18 heures. Dans la cour de l'hôtel Matignon, la garde républicaine se préparait à accueillir le nouveau locataire. Des tentes blanches ont été aussi installées, ainsi que des rubans bleus pour délimiter les emplacements pour la presse, le personnel et les proches.
"La goutte de trop" pour l'Union étudiante
La nomination de Michel Barnier comme Premier ministre par Emmanuel Macron est "la goutte de trop" pour l'Union étudiante, qui appelle à "se mobiliser par tous les moyens" et à manifester massivement samedi. "Emmanuel Macron, c'est quand même le président qui avait été élu pour faire barrage au Rassemblement national, et qui finalement aujourd'hui choisit son Premier ministre avec Marine Le Pen un peu comme faiseuse de roi, comme arbitre", a réagi auprès de l'AFP Eléonore Schmitt, porte-parole de ce syndicat étudiant classé à gauche, issu d'une scission de l'Unef.
"Ça met vraiment totalement en danger la démocratie", a-t-elle ajouté, estimant que ce choix est "vraiment à contretemps total des aspirations qui se sont fait entendre par les urnes". "Là, c'est vraiment la goutte de trop". "Il y a une vraie colère, et surtout une vraie volonté de ne pas se laisser faire", a poursuivi la responsable syndicale. "On est plus que jamais mobilisés ce samedi."
Barnier a "les intérêts de l'Europe et de la France à cœur", salue von der Leyen
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a félicité jeudi Michel Barnier, nommé chef du gouvernement français, estimant que l'ancien négociateur du Brexit avait "les intérêts de l'Europe et de la France à cœur". "Félicitations à Michel Barnier pour sa nomination au poste de Premier Ministre. Je sais que Michel Barnier a les intérêts de l'Europe et de la France à cœur, comme le démontre sa longue expérience", a-t-elle écrit en français sur le réseau social X, lui souhaitant "beaucoup de succès dans sa nouvelle mission".
Michel Barnier, 73 ans, a été le négociateur du Brexit de 2016 à 2020. À Bruxelles, il a travaillé étroitement avec Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne à partir de 2019. Il a aussi brièvement assumé début 2021 un rôle de conseiller spécial sur le Brexit auprès de la dirigeante allemande, après le divorce avec Londres.
"L'élection a été volée aux Français", accuse Jean-Luc Mélenchon
"L'élection a été volée aux Français", a dénoncé jeudi le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon après l'annonce de la nomination de Michel Barnier comme Premier ministre, tandis que le patron des socialistes Olivier Faure a estimé que "nous entrons dans une crise de régime".
Découvrant "un Premier ministre qui est nommé avec la permission et peut-être sur la suggestion du Rassemblement national", Jean-Luc Mélenchon appelle dans une video postée sur les réseaux sociaux "à la mobilisation la plus puissante que possible" samedi. Olivier Faure décrit de son côté sur X un "déni démocratique porté à son apogée : un Premier ministre issu du parti qui est arrivé en 4e position et qui n'a même pas participé au front républicain".
Macron ne respecte pas la "souveraineté populaire" et le "choix issu des urnes", lance Mathilde Panot
La cheffe de file des députés de La France insoumise, Mathilde Panot, a accusé le chef de l'Etat de ne pas respecter avec cette nomination la "souveraineté populaire" et le "choix issu des urnes". "On sait à la fin qui décide : elle s'appelle Marine Le Pen. C'est à elle que Macron a décidé de se soumettre", a de son côté fustigé la secrétaire nationale des Écologistes Marine Tondelier.
Pour Renaissance, "pas de censure automatique" mais pas de "chèque en blanc"
Renaissance ne votera pas de "censure automatique" contre le gouvernement que doit former Michel Barnier, mais portera "des exigences sur le fond, sans chèque en blanc", a fait savoir jeudi le parti d'Emmanuel Macron, pour qui le président a "rempli son rôle constitutionnel" en vue d'un "gouvernement stable".
"Le Parti socialiste n'ayant jamais voulu soutenir la candidature de Bernard Cazeneuve", Emmanuel Macron "fait donc le choix d'un Premier ministre de droite", accuse par ailleurs Renaissance. Le chef de l'Etat a opté pour une figure des Républicains (LR) pour Matignon, après 60 jours de crise ministérielle.
Le RN "jugera sur pièces son discours de politique générale", assure Bardella
Le patron du RN Jordan Bardella a assuré jeudi que son parti "jugera sur pièces le discours de politique générale" de Michel Barnier, avant de se déterminer sur une censure de son gouvernement, après sa désignation comme Premier ministre. "Nous plaiderons pour que les urgences majeures des Français, le pouvoir d'achat, la sécurité, l'immigration, soient enfin traitées, et nous nous réservons tout moyen politique d'action si ce n'était pas le cas dans les prochaines semaines", a-t-il affirmé sur X (anciennement Twitter).
Après une attente interminable, indigne d’une grande démocratie, nous prenons acte de la nomination de Michel Barnier comme Premier ministre d'Emmanuel Macron.
— Jordan Bardella (@J_Bardella) September 5, 2024
Les 11 millions d'électeurs du Rassemblement National méritent le respect : c'est notre exigence première.
Nous…
Macron demande à Barnier de constituer "un gouvernement de rassemblement au service du pays"
Emmanuel Macron a demandé au nouveau Premier ministre Michel Barnier de "constituer un gouvernement de rassemblement au service du pays", a déclaré jeudi l'Elysée dans un communiqué. "Cette nomination intervient après un cycle inédit de consultations au cours duquel, conformément à son devoir constitutionnel, le président s'est assuré que le Premier ministre et le gouvernement à venir réuniraient les conditions pour être les plus stables possibles et se donner les chances de rassembler le plus largement", a ajouté la présidence.