Rappeler son cap et ses objectifs, malgré les doutes et les critiques. Voilà l'objectif d'Emmanuel Macron, qui a délivré, lundi, pendant près d'une heure et demi, le deuxième discours devant le Congrès de son quinquennat. L'an dernier, il était fraîchement élu, encore auréolé de la légitimité de la présidentielle et des législatives. Un an plus tard, le voilà dans une passe plus délicate. Les enquêtes d'opinion montrent un mécontentement croissant. Certaines réformes tardent encore. Au sein même de sa propre majorité, on demande au chef de l'État un rééquilibrage politique à gauche.
Il s'agissait donc de se relancer. Lors de ce Congrès, Emmanuel Macron a vanté ses premières réformes, tout en assurant que d'autres, nombreuses, étaient encore à venir. Alors que l'opposition dénonçait un parfum de monarchie dans cette réunion du Parlement, le président a promis d'amender la révision constitutionnelle pour en changer le format.
Les informations à retenir
- Emmanuel Macron s'est exprimé à 15 heures devant l'Assemblée et le Sénat réunis en Congrès, à Versailles
- Dans un contexte plus difficile qu'il y a un an, le chef de l'État a défendu son bilan et esquissé les prochains chantiers à venir
- Une partie de l'opposition, notamment la France Insoumise et LR, a boycotté ce discours jugé coûteux, inutile et révélateur d'un exercice monarchique du pouvoir. Emmanuel Macron a promis d'en modifier le format.
Retrouvez les temps forts du discours d'Emmanuel Macron :
16h32 : Une clôture sous les applaudissements. Emmanuel Macron clôt son discours en appelant à une nouvelle forme de patriotisme à la française, après près d'1h30 de discours.
16h28 : Il est temps de parler d'Europe. Vantant les premiers pas faits en direction d'un renforcement de la zone euro avec son partenaire allemand, Emmanuel Macron estime que "la frontière de l'Europe est celle qui sépare les progressistes des nationalistes". "L'Europe des assis, l'Europe des assoupis est terminée : un combat est en train de se livrer, qui définira le projet de l'Europe à venir", martèle le président.
16h17 : Un "cadre" pour l'islam. "La République n'a aucune raison d'être en difficulté avec l'islam. Mais il y a une lecture radicale, agressive de l'islam", estime Emmanuel Macron. Par conséquent, le chef de l'État promet que "dès l'automne, nous donnerons à l'islam un cadre" garantissant qu'il soit prêché partout en accord avec les valeurs de la République. "La laïcité, c'est le respect réciproque. Respect de la société et de l'État à l'égard des croyants ; respect des croyants à l'égard de la société et d'un État qui profite à tous", résume le président.
16h10 : Macron parle sécurité. Quittant les questions économiques, Emmanuel Macron reconnaît aussi qu'il va falloir apporter des réponses à la "peur culturelle, civilisationnelle" qui étreint certains Français. "C'est pourquoi il nous faut restaurer l'ordre et le respect républicain", assène-t-il. "La démocratie n'est pas un espace neutre, ouvert à tous les relativismes." Le chef de l'État défend notamment son service universel, dans lequel il dit "croire profondément".
" Des inégalités de destin ont progressé dans notre pays, qu'on veuille le voir ou non. C'est cela qui m'obsède "
15h52 : les retraites agitent les parlementaires. Engourdi par la chaleur, le Parlement réuni en Congrès se tenait jusqu'ici plutôt bien, ponctuant le discours d'Emmanuel Macron de quelques applaudissements ciblés. Mais il vient de se réveiller et de huer le président lorsque celui-ci évoque la réforme des retraites à venir "dès 2019". "Nous refonderons notre régime de retraite pour protéger mieux ceux dont les carrières sont hachées, instables, atypiques. Bien souvent des femmes, d'ailleurs", promet le chef de l'État. C'est lorsqu'il promet que "rien ne changera pour les retraités d'aujourd'hui" en matière de pensions de réversion qu'il se voit répondre par des sifflets. "Faire croire que nous voudrions supprimer les pensions de réversion est une rumeur malsaine, visant à faire peur", persiste Emmanuel Macron.
15h36 : Une certaine idée de la politique sociale. Le président de la République reprend l'une de ses antiennes : l'idée d'une "assignation à résidence" de certains Français défavorisés. "Il y a une voie française vers l'inégalité. Elle progresse, depuis plus de 30 ans. Il ne s'agit pas d'une inégalité de revenu, même si elle existe. Ce qui s'est installé, ce sont des inégalités de destin", détaille-t-il. "Ces inégalités de destin ont progressé dans notre pays, qu'on veuille le voir ou non. C'est cela qui m'obsède." Partant de ce constat, Emmanuel Macron défend une politique sociale qui serait "une politique d'émancipation de chacun". L'objectif n'est pas d'aider les gens à "vivre mieux la condition dans laquelle ils sont nés", mais bien de leur permettre d'"en sortir". Un discours qui n'est pas sans rappeler ses déclarations sur les aides sociales qui coûtent "un pognon de dingue" alors que les gens "ne s'en sortent pas".
15h23 : Macron persiste et signe. Appelé par une partie de sa majorité à mener une politique plus sociale, le président de la République balaie toute démarche déséquilibrée. "Nous devons répondre par un projet fort économique, social, national et européen", explique-t-il. "Si l'on veut partager le gâteau, la première condition, c'est qu'il y ait un gâteau. Et ce sont les entreprises, les producteurs qui font ce gâteau. Il est mensonger de défendre les salariés si on ne défend pas les entreprises, il est impossible de prétendre distribuer si on ne produit pas assez."
Il est mensonger de défendre les salariés si on ne défend pas les entreprises. #CongrèsVersailleshttps://t.co/EqWJnIMFkq
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 9 juillet 2018
15h16 : Câlinothérapie pour députés. Emmanuel Macron se lance dans une longue liste de réformes entreprises cette année, des ordonnances au texte de loi sur la SNCF. L'occasion pour lui de féliciter le travail du Parlement, alors que de nombreux parlementaires de l'opposition lui reprochent de les mépriser. Disant comprendre les critiques à l'égard de la forme que prend son discours devant le Congrès, le président annonce qu'il a demandé à ajouter dans la révision constitutionnelle le fait que le chef de l'État puisse rester écouter les réponses des parlementaire au Congrès. Ce n'est pas le cas aujourd'hui, et beaucoup des parlementaires opposés à ce discours soulignent justement qu'Emmanuel Macron ne sera pas là pour entendre leur débat après son discours.
15h09 : Macron n'a "pas oublié" les peurs. C'est "humble et résolu" que le président se présente devant le Parlement. "Je n'ai rien oublié, et vous non plus, du choix que la France a fait il y a une année", déclare-t-il. "Je n'ai rien oublié des peurs, des colères accumulées pendant des années qui ont conduit notre pays à ce choix." Et le chef de l'État d'admettre : "Je sais que je ne peux pas tout, que je ne réussis pas tout. Mais mon devoir est de ne jamais m'y résoudre. Le président de la République a le devoir de viser haut, je n'ai pas l'intention de manquer à ce devoir."
15h02 : Macron arrive au Congrès. Le président de l'Assemblée nationale vient d'ouvrir la séance. "J'invite les membres du Congrès à accueillir monsieur le président de la République", a déclaré François de Rugy. C'est ensuite Emmanuel Macron qui traverse solennellement le couloir le séparant de l'hémicycle, devant une haie d'honneur des gardes républicains en costume d'apparat.