En Gironde, Glucksmann prépare son parti pour contrer Mélenchon

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Raphaël Glucksmann rassemble son parti en Gironde samedi et dimanche à La Réole. Son objectif est d'offrir une alternative "sociale-démocrate" aux électeurs, en vue des élections à venir. Il souhaite créer une "gauche sociale, européenne, humaniste, écologiste et féministe"

Le leader de Place publique Raphaël Glucksman n rassemble ses troupes et ses alliés samedi et dimanche à La Réole, en Gironde, espérant massifier son parti en vue des prochaines échéances électorales et offrir une alternative "sociale-démocrate" à Jean-Luc Mélenchon à gauche. La tête de liste PS-Place publique aux élections européennes, forte de son score de 14% qui l'a placé en tête de la gauche, veut désormais faire fructifier l'espoir suscité sur sa ligne pro-européenne et anti-LFI. 

Après avoir participé aux "Rencontres de la gauche" organisées à Bram (Aude) par la présidente socialiste d'Occitanie Carole Delga , Raphaël Glucksmann réunit lui aussi plusieurs figures de la social-démocratie, dans le but affiché de "reconstruire" une "gauche sociale, européenne, humaniste, écologiste et féministe", explique-t-il à Libération. Sont annoncés le sénateur écologiste Yannick Jadot, plusieurs ténors en rupture avec la macronie, comme l'ex-ministre Aurélien Rousseau, aujourd'hui député Place publique ou l'ancien ministre Clément Beaune. Et des socialistes hostiles à l'alliance avec La France insoumise voulue par le Premier secrétaire Olivier Faure. Telles Carole Delga ou la maire de Paris Anne Hidalgo.

Le patron du PS ne viendra pas: Olivier Faure et Raphaël Glucksmann, proches aux européennes, sont en froid depuis la création du NFP. "Raphaël se demande s'il n'a pas été instrumentalisé par Olivier pour conclure avec celui qui veut sa peau, Jean-Luc Mélenchon", résume un socialiste. "Contrairement à Olivier Faure, j'ai une conviction: si la gauche veut gouverner, elle doit se libérer de Mélenchon et de ses affidés", affirme Raphaël Glucksmann dans Libération, échaudé par la violente campagne des européennes, avec le sentiment d'avoir été évincé au moment de la création du Nouveau Front populaire.

S'il a participé à cette coalition, son parti n'a hérité que d'une poignée de circonscriptions et n'en a gagné qu'une seule. "Quand des discussions s'engagent entre partis, nous n'avons pas l'appareil pour faire face", a reconnu l'eurodéputé dans L'Obs. L'essayiste de 44 ans critique aussi un manque de compromis du NFP. Il a refusé de s'impliquer dans le choix de la candidate pour Matignon, Lucie Castets, taxée de "fiction". A La Réole, il va dessiner les contours d'"une social-démocratie renouvelée", explique Saïd Benmouffok, proche de l'eurodéputé. Et Raphaël Glucksmann se projette sur la présidentielle de 2027. Pour cette échéance, "ce sera la social-démocratie, et non un succédané du macronisme ou un avatar du populisme de gauche, qui fera face au lepénisme", prédit-il.

 

"Seule nouveauté"

Pour cela, il veut massifier son parti, fondé en 2018. Après les européennes, Place publique a multiplié par cinq ses adhérents (près de 11.000 membres). "C'est révélateur, Place Publique est la seule nouveauté à gauche", souligne Saïd Benmouffok. "L'objectif n'est pas de cannibaliser les formations de gauche", mais d'élargir à "ceux qui ont pu être de gauche par le passé" et aux "électeurs déçus", dit-il. Raphaël Glucksmann "peut être une menace électorale", prévient un autre membre de son entourage. "On peut mettre des candidats partout" et notamment dans un premier temps, aux municipales de 2026. 

Pour le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol, "Place publique prendra des militants au PS" si au congrès prévu en 2025, "le PS conserve la même ligne" d'alliance avec LFI. "Raphaël Glucksmann sait que le congrès sera décisif." L'idée d'une "confédération" entre Place publique et le PS germe dans l'esprit de cette gauche anti-LFI, décrypte un artisan de ce rapprochement. Mais pour un membre de la direction du PS, en devenant le héros des anti-Faure, Glucksmann pourrait se révéler "radioactif pour le reste de la gauche". 

Place Publique peut-il siphonner le PS? "Quand il y a une marque installée, on choisit la marque", récuse le même. Un responsable de collectivité socialiste abonde: "La social-démocratie, ça parle à une petite élite militante, pas à la masse des électeurs de gauche." D'autant que le maillon faible de la gauche se situe "dans la France périphérique et rurale", rappelle un communiste. "Est-ce que Raphaël Glucksmann permet de remédier à cela? Non." Une responsable socialiste juge pour sa part peu probable que les élus locaux PS prennent le risque de "se couper d'alliances locales avec le PCF et les écologistes", pour rejoindre Place publique.