Le candidat à la présidence LR, qui lançait sa campagne dimanche, a donné le ton : il fera campagne sur une ligne droitière, devenue sa marque de fabrique.
Une droite vraiment de droite, une France bien française. Voilà, en somme, ce que Laurent Wauquiez a défendu lors de son discours de lancement de campagne, dimanche. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a annoncé sa candidature à la présidence des Républicains jeudi, au Figaro, s'est d'abord lancé dans sa traditionnelle ascension du mont Mézenc, en Haute-Loire. Avant d'esquisser les grandes lignes de sa campagne.
De droite sans s'excuser. Sans surprise, Laurent Wauquiez a réaffirmé son positionnement politique, du côté d'une droite assumée. "Certains pensent que la droite doit jeter un voile pudique sur ses idées", a-t-il lancé. "Une droite qui s'excuse de l'être. Une droite qui n'a plus de droite que le nom. Je crois exactement l'inverse. Je crois que le problème de la droite est de ne pas en faire assez quand nous sommes aux responsabilités." Et le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes d'appuyer son propos en fustigeant les réformes scolaires qui "remplacent la littérature par des clips de rap et des textos dans les manuels", et en exaltant la lutte contre l'immigration.
Résistance. Ce discours s'inscrit dans un contexte difficile pour Les Républicains. Après avoir perdu l'imperdable élection présidentielle, ils ont certes réussi à constituer le premier groupe d'opposition à l'Assemblée. Mais restent beaucoup moins audibles que la (bruyante) gauche de Jean-Luc Mélenchon. Une situation à laquelle Laurent Wauquiez compte bien remédier. Celui-ci a donc appelé son camp à "résister". "Nous sommes les seuls à pouvoir porter une parole forte et crédible face à Emmanuel Macron. La France a besoin de la droite et la France doit pouvoir compter sur une droite qui soit vraiment de droite."
À rebours des Constructifs. Ce positionnement le place à rebours d'une partie de sa famille politique, et notamment de ces "Constructifs" qui ont décidé d'accorder leur confiance à Emmanuel Macron. Depuis l'annonce de sa candidature, les piques de ces droitiers modérés sont acérées. Thierry Solère, co-fondateur des "Constructifs", dit et répète que Laurent Wauquiez est le "fossoyeur de la droite" et souhaite créer un nouveau parti. Fabienne Keller, sénatrice du Bas-Rhin proche d'Alain Juppé, martèle qu'il a franchi "une ligne rouge" en refusant de choisir entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. Et exalte les ordonnances visant à réformer le code du Travail, que Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France, appelle également à voter.
Le temps de la reconstruction… Rien qui semble de nature à arrêter Laurent Wauquiez. "Je sais que je serai critiqué et attaqué", a-t-il souligné dimanche. "Mais on ne me fera pas plier, on ne me fera pas renoncer. La droite est de retour. Il faut écrire une nouvelle page de notre histoire, le temps de la reconstruction est venu." Un entêtement qui ne doit rien au hasard. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes sait qu'il reste favori du scrutin pour la présidence de son parti. Si les cadres le haïssent, les militants, eux, sont sensibles à ses discours, souvent teintés d'accents sarkozystes.
…sans les modérés.Fort du ralliement de Valérie Calmels, juppéiste historique, Laurent Wauquiez demeure persuadé que la majorité de la droite le suivra. Et en fait la démonstration dans le JDD : "mon département est un département de droite modérée, ma région aussi, ma ville vote à 55% pour Hollande. C'est donc bien que la droite modérée ne m'est pas hostile. Mon pire ennemi, c'est le petit milieu parisien. Mais ils sont partis chez Macron ; la reconstruction de la droite ne passera pas par eux." Mais par lui, espère-t-il.