C'est un exercice traditionnel, mais pas sans risque. Lundi à 20 heures, Emmanuel Macron s'adressera aux Français pour la dernière fois d'une année 2018 éprouvante pour le président, contraint plus que jamais de retracer des perspectives claires pour la suite de son quinquennat.
Lors de son allocution, retransmise sur toutes les grandes chaînes de télévision, il devra notamment trouver les mots pour répondre, de nouveau, à la contestation des "gilets jaunes", qui se cristallise autour de sa personne.
"Un certain exercice d’humilité". Le président devrait notamment faire profil bas, selon le politologue et sondeur Jérôme Sainte-Marie, interviewé sur Europe 1 dimanche. "On aimerait qu’il dise, en étant cru, ce qu’il avait dit l’année dernière (lors de ses vœux). Il avait beaucoup parlé de cohésion sociale et de cohésion nationale. Aujourd’hui, cela supposerait un certain exercice d’humilité de sa part", commente Jérôme Sainte-Marie.
"S’il réitère ce qu’il a dit pour apaiser la crise des 'gilets jaunes' à la mi-décembre, s’il revient de nouveau là-dessus, peut-être que peu à peu les Français lui donneraient quelques crédits", estime encore le politologue.
Lors de sa dernière prise de parole à grande échelle, le 10 décembre, Emmanuel Macron, pressé par les revendications des "gilets jaunes", a promis 10 milliards d'euros d'aides en faveur du pouvoir d'achat. Pour la première fois, il a dû reculer sur des décisions antérieures, comme la hausse des taxes sur les carburants. Plus de 23 millions de personnes l'avaient alors regardé, un record pour une intervention politique. Mais depuis, si la mobilisation des "gilets jaunes" a perdu un peu de sa splendeur, elle ne s'est pas complètement éteinte : 12.000 personnes ont encore manifesté samedi dans toute la France pour "l’acte 7".
" La crise est devenue très personnelle autour du chef de l’État "
Pas d'annonces, un discours de "rassemblement". C’est ainsi avec une cote de popularité au plus bas (27% de bonnes opinions, selon un récent sondage BVA) que le président présentera ses vœux aux Français. Lors de son allocution, Emmanuel Macron ne devrait pas faire d’annonces particulières, mais appeler de nouveau à "l'ordre et la concorde" pour tenter d'apaiser les colères, comme il l’a fait la semaine dernière.
Selon un de ses proches à l’AFP, l'enjeu est de trouver des mots capables de marquer "autorité et rassemblement". Ces vœux à la Nation seront aussi l'occasion de parler de l'avenir, et notamment des réformes annoncées pour 2019. Emmanuel Macron planchera certainement sur son texte jusqu'au dernier moment. Il a prévu d'enregistrer son message lundi en fin d'après-midi.
"Ne pas attendre une transformation radicale de son image". "On ne peut pas attendre, quoi qu’il arrive, de ces vœux une transformation radicale de l’image d’Emmanuel Macron", prévient toutefois Jérôme Sainte-Marie. "On peut même craindre, dans les heures qui suivent, que la seule apparition du chef de l’État donne un peu de cœur à l’ouvrage aux contestataires, qui seront poussés à descendre dans la rue à ce moment-là", prévient le politologue, rappelant que "la crise est devenue très personnelle autour du chef de l’État".
Des "gilets jaunes" ont d’ores et déjà promis de se faire entendre au moment des vœux présidentiels : un appel a été lancé sur Facebook pour un rassemblement "festif et non-violent", lundi à 20h, sur les Champs-Élysées.