Protectionnisme social, responsabilité écologique mais surtout enseignement professionnel : en meeting à Florange (en Moselle), Jean-Luc Mélenchon a décliné jeudi les outils nécessaires à sa "nouvelle motrice économique", refusant de "faire de la nostalgie" à l'ombre des hauts fourneaux.
"Je ne suis pas venu faire de la nostalgie". Quelque 1.000 personnes, selon l'organisation, étaient venues écouter le candidat de la "France insoumise" exposer en trois temps - et trois lieux, dehors dans le froid, puis dans le hall et enfin dans la salle - ses propositions pour "changer la matrice productive du pays". "Venir à Florange c'est toujours remettre ses pas dans une sorte de douleur intérieure", a commencé Jean-Luc Mélenchon. "Tous nous avons en tête la chanson Les mains d'or (de Bernard Lavilliers), tous nous savons ce que l'aciérie a représenté pour notre pays. Mais je ne suis pas venu faire de la nostalgie et pleurer sur un passé que l'on repeindrait en doré".
Un "protectionnisme social". Après une pique à Emmanuel Macron, le "commerçant" qui a vendu Alstom à General Electric, et une boutade à l'adresse des candidats à la primaire de la gauche - "Il en faut de la détermination, déjà que vous vous privez du spectacle fantastique de la primaire à la télévision..." - , Jean-Luc Mélenchon a fustigé le libre-échange qui fait arriver "de l'acier couvert de sang" pour présenter en miroir son "protectionnisme social".
Un protectionnisme différent de "celui de Monsieur Trump, qui impose ce que l'on produit", un protectionnisme qui "n'est pas un repli nationaliste, un protectionnisme social, de responsabilité écologique", capable de faire de "l'acier fin".
François Fillon et ses apprentis. Mais c'est à François Fillon et son plan d'1 million d'apprentis qu'il a réservé le plus de flèches, soulignant que, sous son mandat de Premier ministre, "158 lycées professionnels" ont été fermés. Il y avait "720.000 lycéens en lycées professionnels quand Fillon est arrivé. Quand Fillon est parti , 657.000. Les autres ? Partis dans la nature", a-t-il affirmé. "50% de la jeunesse scolarisée est dans l'enseignement professionnel, technique. La moitié de la jeunesse de France. On n'en parle jamais. C'est comme les salariés : c'est les plus nombreux, et on n'en parle nulle part", a ajouté le candidat avant de présenter son plan de "filière polytechnique".
Un "peuple instruit" pour entamer une mutation industrielle. "On pourra aller du CAP jusqu'au bac professionnel. Et après on arrive à brevet de technicien supérieur, et quand on aura fini, ça peut être qu'on pourra passer une licence professionnelle. C'est moi qui l'ai créée, je sais comment ça marche !". "Si on veut appliquer notre plan, si on veut faire de la planification écologique, si on veut faire bifurquer tout le système de la production vers de nouvelles manières de faire, il faut que nous ayons un peuple en état de le faire, un peuple instruit, un peuple éduqué", a-t-il encore dit. Avant de conclure sur quelques vers des Mains d'or, entouré de syndicalistes CGT d'Arcelor Mittal, qu'il avait rencontrés dans l'après-midi.