Arnaud Montebourg a tranché dimanche soir, mettant fin à un suspense qui n’en était pas tout à fait un : il sera bien candidat à la primaire organisée par le Parti socialiste et ses partenaires. Rue de Solférino, au siège du PS, on tenait vraiment à ce que l'ancien ministre de l'Economie se présente dans la cadre de cette primaire, et on a fait ce qu'il fallait pour. Notamment en s'alignant sur le processus de 2011, organisé par le même Arnaud Montebourg. Le nombre de bureaux de vote prévu est donc conséquent (au moins 8.000), les candidats bénéficieront d’une aide financière du parti et le système de parrainages est accessible. En outre, Jean-Christophe Cambadélis, a promis que le processus serait "loyal, impartial et transparent".
Voilà donc l’ancien ministre sur les rangs. Arnaud Montebourg a par ailleurs assuré qu'il soutiendrait le vainqueur de la primaire, même si c'était François Hollande. Une bonne nouvelle donc pour le président de la République, si d'aventure il est candidat et qu'il l'emporte. Mais, à bien des égards, la candidature d’Arnaud Montebourg peut aussi se révéler piégeuse pour le chef de l'Etat.
Il l’emporterait au second tour face à Hollande
Dès lundi, au lendemain de son annonce, un sondage est venu doucher le soupçon d’optimisme que les "hollandais" auraient pu ressentir. Selon cette étude BVA pour la Presse régionale et Orange, le président sortant serait en effet battu par le tout nouveau candidat à la primaire. Au second tour, François Hollande recueillerait en effet 48% des voix, contre 52% à Arnaud Montebourg.
Il peut rallier les autres candidats
Le principal écueil, pour l’actuel chef de l’Etat, c’est que la primaire se transforme en "tout sauf Hollande". Les trois candidats socialistes, Marie-Noëlle Lienemann, Benoît Hamon, et Arnaud Montebourg bien sûr, n’ont pas caché que l'une de leurs priorités, c’est que le président de la République ne puisse pas briguer un second mandat. Dans ce contexte, Arnaud Montebourg pourrait sans problème rallier les trois autres. Cela pourrait être entre les deux tours pour Benoît Hamon, puisque selon le même sondage BVA, il bénéficierait ainsi de plus de la moitié des voix du troisième homme annoncé du scrutin, contre moins d'un tiers pour François Hollande.
Quant à Marie-Noëlle Lienemann, il se murmure qu’elle serait prête à se désister avant le premier tour en cas d'accord sur une candidature unique face à François Hollande. C’est d’ailleurs le souhait d’Arnaud Montebourg. "Que ce soit Benoît Hamon qui a quitté le gouvernement dans les mêmes conditions qu’Arnaud Montebourg, ou Marie-Noëlle Lienemann, ils ont sur l’essentiel la même vue", a relevé François Kalfon, directeur de campagne d’Arnaud Montebourg, lundi sur RFI. "Je souhaite effectivement qu’une convergence s’opère."
Et les autres, alors ? Car le PS n’est pas le seul pourvoyeur de candidat. Jean-Luc Bennhamias, président du Front démocrate (qui a fait dissidence avec le Modem) et François de Rugy, du Parti écologiste, sont susceptibles de rallier François Hollande au second tour. Mais ils ne recueillent chacun que 2% des intentions de vote, selon le même sondage BVA. Pas vraiment décisif, donc.
Il a encore de la marge
Déjà situé à un niveau élevé auprès des sympathisants de gauche, Arnaud Montebourg peut encore progresser auprès des sympathisants socialistes, qui se disent à 25% prêts à voter pour lui. Sa marge de progression en la matière est donc importante, et ça n’a pas échappé à son camp. "Nous allons progressivement déployer les thèmes qui sont ceux des socialistes et qui touchent donc au social : la santé, la protection sociale, la politique de la ville, l'école, entre autres", explique ainsi François Kalfon, expert es sondages, lundi à Atlantico. "Il faut parler de ces sujets qui sont ceux de prédilection des socialistes", insiste le conseiller régional d’Ile-de-France.
Selon l’élu socialiste, qu’Arnaud Montebourg soit désigné l’ennemi numéro un par Jean-Christophe Cambadélis, patron du PS mais surtout soutien ouvert de François Hollande, n’est au final pas un handicap. "C'est à la fois une mauvaise nouvelle, parce que ça n'est jamais très agréable, et une bonne nouvelle : ils ne réalisent manifestement pas à quel point en le pointant du doigt comme le principal adversaire, ils en font également la principale alternative", conclut-il.