Décidément, le Nicolas Sarkozy version 2016 n’en finit pas de surprendre. Après un mea culpa aux proportions inouïes, dans son livre La France pour la vie, l’ancien président de la République a fait montre d’une ambition mesurée, dimanche soir sur TF1. "J'ai toujours dit que ce n'était pas automatique", a-t-il déclaré au sujet d’une éventuelle candidature pour 2017. "Je n'irai que si c'est utile". Une déclaration étonnante pour celui qui admettait, quatre ans avant 2007, penser à l’Elysée "pas simplement quand je me rase", et dont l’éloignement de la vie politique, après sa défaite en 2012, n’aura duré que deux ans. Une prudence nouvelle donc, pour Nicolas Sarkozy, mais qui n’est pas sans fondement. Car plusieurs facteurs sont à même de faire hésiter, jusqu’au renoncement, l’ancien président de la République.
- Le spectre des affaires
Depuis son départ de l’Elysée, Nicolas Sarkozy a peu à peu vu l’étau judiciaire se resserrer sur lui. S’il a bénéficié d’un non-lieu dans l’affaire Bettencourt et dans celle des pénalités de la campagne de 2012, d’autres enquêtes pèsent sur ses épaules. L’ancien chef de l’Etat est ainsi mis en examen pour "trafic d’influence" et "corruption passive", soupçonné qu’il est d’avoir voulu obtenir des informations sur des dossiers le concernant contre une promesse de nomination. C’est actuellement la principale épée de Damoclès pour l’ancien président.
Mais elle n’est pas la seule. Même s’il n’est pas mis en examen, d’autres affaires le concernent plus ou moins directement. Citons l’affaire Karachi, dans laquelle il pourrait être entendu comme témoin assisté ou celle des sondages de l’Elysée. Sans oublier l’affaire de l’arbitrage rendu en faveur de Bernard Tapie ou l’affaire Bygmalion. Au final, les menaces de nouvelles mises en examen sont nombreuses et pourraient se révéler éliminatoires.
- Une impopularité record
C’est sans doute là le point le plus inquiétant pour Nicolas Sarkozy. Depuis son retour en politique en septembre 2014, l’ancien chef de l’Etat n’a semble-t-il pas réussi à convaincre l’opinion. Pire, sa cote de popularité n’en finit pas chuter. En janvier 2016, seuls 29% des personnes interrogées avaient un avis favorable à son sujet, selon le baromètre Ipsos. Un plancher qu’il n’avait atteint qu’en avril 2011, alors qu’il était à l’Elysée. Dans le même temps, ses principaux rivaux pour la primaire, Alain Juppé et François Fillon, atteignent des scores beaucoup plus élevés, respectivement 60% et 39% d’avis favorables. Même constat sur le tableau de bord Ifop des personnalités politiques, où Nicolas Sarkozy émarge à 34% de bonnes opinions, contre 68% et 57% aux deux anciens Premiers ministres. Un véritable gouffre, que l’ex-président n’a que dix mois, avant la primaire de novembre 2016, pour combler.
- Le scepticisme dans son propre camp
Alors que la grande bataille pour désigner le candidat de la droite pour 2017 a déjà commencé, il n’est finalement guère surprenant de constater que son livre La France pour la vie a été accueilli avec scepticisme voire avec indifférence par les candidats déclarés ou aspirants, des Républicains. Le contraste avec les années de sa présidence, quand le parti faisait bloc autour de lui, est saisissant. Mais ce n’est pas le plus inquiétant pour l’ex-chef de l’Etat.
Non, son souci principal, c’est que même la base n’est plus convaincue. Selon un sondage Elabe pour Les Echos publié le 8 janvier, Moins de 50% (46%) des sympathisants de droite, une première depuis 2012, ont une "image positive" du président des Républicains. Là encore, Alain Juppé (73%) et Alain Juppé (59%) sont loin devant. Et même Emmanuel Macron, ministre de l’Economie du gouvernement Valls, fait mieux, avec 63% d’opinions positives.
- La peur de l’humiliation
Du coup, le parcours vers la reconquête de l’Elysée, en 2017, semble long et incertain pour Nicolas Sarkozy. Il faudra d’abord passer par le filtre de la primaire de novembre 2016. En l’état actuel des choses, il serait loin d’être certain de l’emporter. Puis il y aura la présidentielle en 2017. Avec une Marine Le Pen annoncée très haut et souvent qualifiée pour le second tour dans les enquêtes d’opinion, le risque d’une élimination dès le premier tour serait bien réel. Nicolas Sarkozy, s’il sentait que la victoire pourrait lui échapper, aurait presque tout intérêt à s’effacer. Il pourrait alors arguer qu’il n’était revenu en politique que pour pacifier son parti et l’amener à la victoire en 2017.