Emmanuel Macron a été reçu lundi soir, au collège des Bernardins à Paris par les évêques de France. Les catholiques attendaient une prise de position du président sur la question de l’euthanasie. En vain, car le chef de l’Etat est resté très prudent sur cette question qui est en train d’enflammer sa majorité.
Premier clash des députés LREM. Entre marcheurs, la bataille s'opère au sein même du groupe d’étude 'fin de vie' à l’Assemblée nationale. La première réunion du groupe d’étude a eu lieu à la mi-mars et a entraîné le premier clash entre députés de la majorité. "Et si on invitait des responsables religieux pour évoquer la fin de vie ?" osait l’un d’eux. "Hors de question !", s’énervait une de ses collègues. "Pas de 'cureton' dans cette maison. Ici, c’est laïc !", pouvait-on encore entendre. L'ambiance était électrique entre pro et anti-euthanasie, sous le regard et le sourire de Patrick Hetzel, député Les Républicains : "Le président de la République voulait dégager un consensus. Ce consensus n'est pas au rendez-vous. Les membres du groupe d'étude ne sont pas tous sur la même ligne. C'est d'ailleurs plutôt heureux", glisse-t-il.
Tribune contre tribune. Si le sujet apparaît à ce point explosif, c'est parce qu'Emmanuel Macron n'a jamais pris position sur le sujet. Autant sur l’extension de la PMA c'était clair dès son programme, autant sur l’euthanasie rien n'avait filtré durant la campagne et aucun indice n'a filtré depuis, et pas même lundi soir. Alors la bataille d’influence bat son plein. Jean-Louis Tourraine a réuni 122 députés LREM dans une tribune pro-euthanasie. Les anti ont lancé la leur avec notamment l’élu de droite, Philippe Gosselin. "Moi, j’ai l’impression, à écouter certains collègues, qu'ils ont un peu envie de forcer la main à Emmanuel Macron. Ce qu'il en pense réellement ? Difficile de le dire", s'aventure l'élu. "Il est hésitant et ne veut en tout cas pas mettre la société sens dessus dessous sur ces questions-là."
Mais les députés n'ont pas le monopole du conflit. La question est également brûlante au Comité consultatif d’éthique et surtout au sein même du gouvernement. Un seul ministre a pris position sur ce sujet très sensible, Agnès Buzyn. La ministre de la Santé pense qu’une nouvelle loi n’est pas nécessaire et l’Elysée a accepté qu’elle le dise publiquement, alors que les pro-euthanasie comme Marlène Schiappa et Benjamin Griveaux n’en ont jamais parlé devant une caméra.
Statu quo. Tout cela fait dire au député LREM, François Michel Lambert, qu’on se dirige vers un statu quo. "Notre majorité peut avoir des échecs das une loi de ce type, c'est-à-dire ne pas réussir à avoir une majorité. Mais refuser le débat serait la plus grande faute politique." Il devrait avoir lieu, mais à huis clos. La consigne vient d’être passée : le patron du groupe, Richard Ferrand, ne veut entendre personne se déchirer à ce sujet.