C'est sa première prise de parole depuis qu'il a quitté Matignon, début juillet, et qu'il a retrouvé une "liberté physique et intellectuelle". Lundi, Édouard Philippe était l'invité inattendu exceptionnel de la matinale d'Europe 1, à l'occasion du lancement de la dernière campagne de recrutement de l'armée, pour laquelle 16.000 postes sont à pourvoir. Au micro de Sébastien Krebs, l'ancien Premier ministre partage ses souvenirs du service militaire, qu'il a honoré au milieu des années 1990 et dont il ne cesse de s'inspirer.
"Première expérience du commandement"
"J'ai effectué mon service militaire en 1994, au milieu de ma scolarité", retrace l'ex-Premier ministre. "C'était une obligation et il fallait évidemment accomplir son service. Mais j'y allais un peu avec des pieds de plomb, parce que je n'ai pas de tradition familiale dans la famille. Finalement, après quelques premières semaines difficiles, j'ai découvert un milieu, une ambiance, une technique assez remarquable et je m'y suis beaucoup plu."
Le maire du Havre était à l'époque "sous-lieutenant", "le premier grade d'officier". Il se souvient d'une période qui lui a permis de "[se] tester physiquement", de "rencontrer des gens qu'il n'aurait jamais rencontrés" et d'avoir "une première expérience du commandement, et la seule avant longtemps".
"Une période de mélange" qui manque ?
De ce service militaire, Édouard Philippe confie avoir gardé "quelques expressions, des bons souvenirs et des carnets de chants". "À l'occasion de mes rencontres avec des militaires qui sont en activité, quand je les voyais à Matignon, j'aimais bien chanter les chants des troupes de marine qui sont chers à mon cœur". L'ancien chef du gouvernement a aussi conservé un sabre d'officier, qui l'accompagne "sur tous [ses] bureaux" : "C'est à la fois le symbole du combat, de l'autorité, du service et d'une forme de devoir."
Le service militaire sera suspendu en 1997, avec un passage à une armée de métier définitivement acté par la fin de conscription en 2001. "C'était une très bonne idée pour l'armée, parce qu'elle avait besoin d'être plus opérationnelle encore qu'elle n'était", analyse Édouard Philippe, selon qui ce passage obligé avait "une valeur et un intérêt" pour les jeunes adultes. "Il manque probablement une période de mélange, de creuset, d'engagement et de participation à quelque chose qui vous dépasse et qui est important pour la collectivité, plus qu'elle n'existe aujourd'hui, (…) sans qu'il faille refaire le service militaire", nuance-t-il.