Face au Congrès, Macron confirme son cap sans fléchir

Emmanuel Macron a longuement expliqué ses réformes, lundi, devant le Congrès.
Emmanuel Macron a longuement expliqué ses réformes, lundi, devant le Congrès. © Ludovic MARIN / AFP
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Le président de la République s'est dit conscient des critiques sur sa politique et a tenu à y répondre, lundi, devant le Congrès à Versailles. Il a préféré miser sur la pédagogie, sans concéder la moindre inflexion.
ON DÉCRYPTE

C'est une démarche habituelle chez le chef de l'État. Sous le feu de diverses critiques, le président procède en trois étapes. D'abord, il les acte. Se dit lucide sur l'existence de ces reproches, répondant ainsi à tous ceux qui soupçonnent Jupiter de s'enfermer seul sur le mont Olympe et de rester sourd aux complaintes. Puis, le président bat en brèche les remontrances. Enfin, il détaille son projet afin de prouver qu'elles ne sont pas justifiées. Expliquer sans plier, voilà comment Emmanuel Macron compte se sortir de toutes les ornières. Lundi, lors du Congrès de Versailles, le chef de l'État a appliqué cette méthode à la lettre.

Passage en revue des critiques. Disant se présenter "humble mais résolu" devant les parlementaires, le président a assuré qu'il n'avait "rien oublié des peurs, des colères accumulées pendant des années". "Je n'ai pas oublié le pays qui se sent coupé en deux entre sa base et son prétendu sommet. Je sais que je ne peux pas tout, que je ne réussis pas tout. Mais mon devoir est de ne jamais m'y résoudre." Pendant près d'une heure et demi, Emmanuel Macron a passé en revue toutes les critiques, depuis le président des riches à celle du manque de "social" dans la politique déployée, en passant par l'exercice monarchique du pouvoir, exacerbé avec la tenue de ce Congrès.

Changer le format du Congrès. Il n'y a d'ailleurs guère que sur ce point que le président a lâché du lest, promettant le dépôt d'un amendement sur le projet de loi de révision constitutionnelle, afin de permettre au chef de l'État de rester devant le Congrès après le discours, pour écouter les prises de parole des parlementaires et de pouvoir leur répondre. Exactement ce que souhaite l'opposition de gauche, qui l'avait proposé en commission fin juin et s'était vu opposer une fin de non-recevoir par La République en marche!.

Président des riches. Exception faite de la question du format du Congrès, donc, Emmanuel Macron n'a pas plié. Lui, président des riches ? "Je n'aime ni les castes, ni les rentes, ni les privilèges", a-t-il martelé. Avant d'expliquer sa démarche : "Si l'on veut partager le gâteau, la première condition, c'est qu'il y ait un gâteau. Et ce sont les entreprises, les producteurs qui font ce gâteau. Il est mensonger de défendre les salariés si on ne défend pas les entreprises, il est impossible de prétendre distribuer si on ne produit pas assez."

Inégalités de destin. Même exposé sur le manque de politiques sociales au bout d'un an de quinquennat. Alors que jusqu'au sein de sa majorité, certains députés appellent de leurs vœux un virage à gauche, le président préfère leur répondre qu'il n'y a pas lieu d'opposer action économique et action sociale. "C'est la même action : être plus fort pour pouvoir être plus juste". Selon lui, une véritable politique sociale "doit s'attaquer aux racines profondes" de ce qu'il appelle "les inégalités de destin", autrement plus préjudiciables que les inégalités de revenus, dont le chef de l'État n'a pas parlé. "Ce qui s'est installé, ce sont des inégalités de destin. Ces inégalités de destin ont progressé dans notre pays, qu'on veuille le voir ou non. C'est cela qui m'obsède", a-t-il détaillé, pointant le poids du milieu social, mais aussi du lieu géographique de naissance. "La politique sociale en laquelle je crois est une politique d'émancipation de chacun. L'émancipation passe aussi par le mérite et par le travail."

Et en même temps. Emmanuel Macron a également repris son mantra du "et en même temps" pour articuler "progrès économique et progrès social", "croissance durable et croissance partagée", ou encore concilier, dans un passage sur la laïcité, les deux visions de la gauche sur le sujet, celle qui conçoit la laïcité comme une protection des citoyens et de leurs croyances avant tout, et celle qui la considère d'abord comme une protection de la société et de l'État.

Projection vers l'an II. Le chef de l'État a également veillé à se projeter vers l'an II de son quinquennat, précisant le calendrier de certaines réformes, comme celle des retraites ou celui du plan pauvreté. La plus importante esquisse de l'avenir est venue à la fin de son discours, lorsqu'Emmanuel Macron s'est fait plus lyrique pour parler de l'intégration européenne. Preuve que les élections de 2019 se rapprochent à grand pas.