Plombé par les affaires qui ont très largement pollué sa campagne, François Fillon espère encore pouvoir accéder au second tour. Dimanche, le candidat de la droite tenait un grand meeting Porte de Versailles, à Paris. Un mois après son tour de force au Trocadéro, qui lui a permis de maintenir sa candidature malgré les nombreuses défections autour de lui, le Sarthois affiche un objectif : relancer une dynamique de campagne en ralliant à sa cause les indécis qui, à en croire les instituts de sondage, n’ont jamais été aussi nombreux à deux semaines d’une élection présidentielle. Un Français sur trois environ n’a pas encore choisi son candidat ou estime encore pouvoir changer d’avis, selon l'institut BVA (38%) et l'Ifop (31%).
Après les prises de paroles de Nathalie Kosciusko-Morizet - huée -, de Luc Chatel, de Valérie Pécresse, de Bruno Retailleau, de Gérard Larcher, de François Baroin ou encore de Jean-Pierre Raffarin, le député de Paris a salué à la tribune ses militants - les organisateurs en attendaient 20.000. "Il y a un mois, on vous croyait à genoux. Mais dans la bourrasque, puis le soleil, une foule immense se tenait au Trocadéro. Les coups ont redoublé d’intensité. ‘Baissez la tête, marchez à l’ombre’, vous disait-on. Mais non ! Partout en province, les salles étaient pleines, traversées de fièvre et de flammes".
Emmanuel Macron, présenté comme l’héritier de François Hollande. Le candidat a sonné la charge contre Emmanuel Macron, désormais devant lui au premier tour dans les sondages, et qu’il a rebaptisé "Emmanuel Hollande", renvoyant l’ancien ministre de l’Economie dans le giron du quinquennat du président socialiste. "Encore cinq ans de demi-mesures, encore cinq ans d’occasions manquées, encore cinq ans à rechercher des majorités éphémères qui s’effondrent devant la moindre mesure importante, encore cinq de marche arrière", a-t-il énuméré pour décrire l'hypothétique mandat de son adversaire. "Mes amis, la France d’Emmanuel Macron, c’est la France de maintenant !"
" Je ne porterais pas en terre le cercueil de la culture française "
Dans un discours riche en références culturelles, François Fillon s’est posé en défenseur de "la terre de Richelieu, de la langue de Victor Hugo, de la raison de Montesquieu, de la vision de Claude Monet". Une autre manière de cibler le candidat d’En Marche !, qui avait déclaré lors d’une réunion publique à Lyon, début février : "Il n'y a pas une culture française, il y a une culture en France et elle est diverse".
"Moi, plutôt que le déni de soi, je propose la connaissance de soi. Plutôt que la négation des racines, je propose la mémoire partagée ! Plutôt que le marketing du vide : je propose l’appropriation de la culture française", lui a opposé François Fillon. "Je ne ferais pas comme Emmanuel Macron, je ne porterais pas en terre le cercueil de la culture française. Mes amis, soyons Français et soyons fiers de l’être !", a-t-il lancé sous les applaudissements.
Une majorité parlementaire. Alors que la capacité de Marine Le Pen et d’Emmanuel Macron - annoncés au second tour dans les derniers sondages -, de réunir une majorité parlementaire pose question, François Fillon a voulu faire valoir ses chances de rassembler et de décrocher une large majorité aux législatives, la droite ayant remporté toute les élections intermédiaires depuis 2012. "Il faut une majorité parlementaire cohérente. Je l’ai ! Elle est ici, autour de moi. Avec l’alliance de la droite et du centre, je serai le seul à pouvoir agir", a assuré l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy. "Je ne vous demande pas de m’aimer, je vous demande de me soutenir, parce qu’il y va de l’intérêt de la France. Vous ne choisissez pas un copain, vous choisissez un président !"