Benoît Hamon s'en est vivement pris mardi à Marseille au projet d'Emmanuel Macron, accusé de manquer du "plus élémentaire sens de la justice sociale", et de porter un projet qui pourrait favoriser le Front national au lieu de lui faire barrage.
Attaques nourries contre son programme. Confronté au doute de plusieurs responsables du PS, du ministre de la Ville Patrick Kanner au président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone, Benoît Hamon a décidé de faire feu tous azimuts contre le candidat d'En marche !, au cours d'un meeting qui a réuni environ 2.000 personnes dans la capitale des Bouches-du-Rhône. Sa réforme des retraites ? Elle diminuera les pensions de ceux et surtout "celles qui ont déjà un temps de travail plus subi que choisi, les carrières les plus hachées", "au mépris de la justice sociale la plus élémentaire". Son projet pour l'école ? Il revient à "accepter de remettre en cause l'égalité à l'école", et à "donner raison aux plus mauvais élèves de la République", en permettant aux collectivités locales de ne plus mettre en oeuvre la réforme des rythmes scolaires, a dit Benoît Hamon, visant le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin.
"Qui peut croire que c'est le vote utile ?". "Qui peut croire qu'aujourd'hui, réduire les dépenses publiques, diminuer le nombre de fonctionnaires, remettre en cause le système de retraire, remettre en cause le compte pénibilité, renvoyer le recrutement des écoles à la liberté des établissements, la remise en cause des rythmes scolaires, qui peut croire que ces solutions là, qui sont les solutions qui partout ailleurs en Europe ont précipité la montée des extrémismes, qui peut croire que c'est le bon projet pour battre le Front national ?", s'est interrogé Benoît Hamon. "Qui peut croire que c'est le vote utile ? Pas utile aux enseignants, pas utile à celui qui a travaillé dur, pas utile à celle qui travaille dans un hôpital... (..) oui utile à qui ? Aux grands lobbys industriels, à celles et ceux qui veulent la suppression de l'ISF. Ce projet là, ça n'est pas le vote utile contre le Front national. C'est au contraire le projet qui en France comme ailleurs peut accélérer la montée en puissance du Front national", a-t-il fustigé.
Faire le choix d'une "gauche qui s'assume". Alors que nombre de membres du gouvernement hésitent à lui manifester clairement leur soutien, et qu'il s'est vu reprocher de ne pas avoir suffisamment reconnu les aspects positifs du bilan du quinquennat, Benoît Hamon a salué l'action de plusieurs de ses anciennes collègues du gouvernement : Marisol Touraine, avec qui il n'y a "pas même une feuille de papier à cigarette" qui les sépare au sujet du compte pénibilité ; ou Ségolène Royal, dont il a salué l'engagement écologique. Décrivant Emmanuel Macron comme une "chimère", il a invité son auditoire enthousiaste à faire le choix d'une "gauche qui s'assume", et déroulé quelques-unes de ses propositions "pour une société bienveillante avec les seniors" : augmentation de 10% du minimum vieillesse, augmentation de l'APA (Allocation personnalisée d'autonomie) à domicile de 30%, plan d'un milliard d'euros sur cinq ans pour augmenter la présence d'aide-soignantes dans les maisons de retraite...
S'il n'a pas voulu s'appesantir sur le cas de François Fillon, concédant une certaine "lassitude" face aux dernières révélations du Canard enchaîné, il a une nouvelle fois fustigé "l'indignité" d'un candidat qui s'en prend aux "institutions" républicaines qu'il est censé défendre.