Le Congrès de l’Assemblée des maires de France (AMF) est une assemblée volontiers frondeuse. Plusieurs anciens Premiers ministres y’ont essuyé de sévères broncas. Nicolas Sarkozy, François Hollande, Jean-Marc Ayrault ou encore François Fillon ont tous eu droit ces dernières années à leur lot de sifflets quand ils se sont présentés devant les édiles du pays. Emmanuel Macron a lui-même éprouvé, en mars dernier, en pleine campagne présidentielle, à quel point les maires sont prompts à manifester leur colère. Désormais président de la République, il doit clôturer jeudi le Congrès de l’AMF, qui débute mardi à Paris. L’accueil promet d’être glacial, en dépit des efforts fournis par Emmanuel Macron et son gouvernement depuis plusieurs semaines pour apaiser la grogne.
Car l’inquiétude des maires face à l’une des propositions phares du candidat Macron, à savoir l’exonération pour 80% des Français de la taxe d’habitation, s’est muée en colère. Non seulement le président de la République compte bien tenir sa promesse électorale, mais il a annoncé d’autres mesures qui ont alimenté la fronde. La quasi-suppression des contrats aidés, qui impactent fortement les communes, en est une. L’objectif de 13 milliards d’euros d’économie imposé aux collectivités locales, en est une autre.
Edouard Philippe et les ministres sur le pont. Conscient de la montée de la grogne, le gouvernement s’active depuis plusieurs semaines pour tenter de limiter la casse en vue du rendez-vous de jeudi. Missionné par Emmanuel Macron, la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur Jacqueline Gourault a multiplié les rencontres avec des maires, près d’une centaine selon les informations d’Europe 1, pour faire remonter leurs doléances jusqu’à l’Elysée. Et selon Le Parisien, chaque ministre a pour consigne d’aller à la rencontre d’élus locaux lors de leurs déplacements.
" J'ai été l'un des vôtres, je ne l'oublie pas "
Edouard Philippe est lui aussi monté au créneau. Le 23 octobre dernier, il a envoyé une lettre aux quelque 35.500 maires de France pour, écrivait-il, ne pas "laisser prospérer les allégations trompeuses qui ont pu être diffusées". "J'ai été l'un des vôtres et, dans mes fonctions actuelles, je ne l'oublie pas", glissait au passage l’ancien édile du Havre. Vendredi dernier, c’est par le biais d’une interview à La Gazette des Communes qu’il a refait passer un message. "Nous demandons une maîtrise de la progression de la dépense publique locale, pas une baisse", a assuré celui s’adressera mardi à l’AMF.
1.500 maires à l’Elysée. Emmanuel Macron, lui aussi, "se mouille". Fin octobre, il avait reçu une délégation de l’AMF. Le 13 novembre, il a accueilli à l’Elysée Caroline Cayeux, maire LR de Beauvais et surtout présidente de la Fédération des villes de France. Et mercredi, à la veille de son grand oral, il recevra près de 1.500 maires à l’Elysée. "C’est toujours une bonne idée de réchauffer ses relations avec les fauves, avant d’entrer dans l’arène", résume un proche du chef de l’Etat, interrogé par Europe 1.
Autant d’actions de câlinothérapie qui n’auront de sens que le jour J. Si l’AMF, grâce à ces rapprochements, mais aussi grâce à la présence massive du gouvernement, dont 14 membres seront présents, aura peut-être plus d’indulgence au moment d’accueillir Emmanuel Macron, c’est bien de la teneur de son discours que dépendra la réaction des maires. L’Elysée a déjà prévenu qu’il ne reculera ni sur l’ampleur des économies à réaliser, ni sur la suppression progressive de la taxe d’habitation. Le président de la République pourrait tout de même faire quelques annonces. Sur le rythme des économies ou sur la baisse des APL, par exemple. Une chose est sûre : la pédagogie, tant vantée par l’exécutif, ne suffira pas.