Lors de son premier meeting d'entre-deux-tours, Marine Le Pen a appelé à faire barrage contre un nouveau quinquennat d'Emmanuel Macron. Au micro d'Europe 1, l'essayiste Gilles Mentré et le journaliste du "Figaro" Alexandre Devecchio analysent cette nouvelle stratégie mise en place par la candidate du Rassemblement national.
"Le 24 avril, si les Français ont à faire barrage, c'est au retour d'Emmanuel Macron ." Lors de son premier meeting d'entre-deux-tours en Avignon, Marine Le Pen a pris le contre-pied du front républicain. Alors que de nombreux candidats malheureux au premier tour de la présidentielle ont appelé à "faire barrage à l'extrême droite", la candidate du Rassemblement national a choisi de reprendre l'expression à son compte.
"Le piège dans lequel s'est enfermée cette campagne"
Dans sa tirade, elle poursuit sous forme d'anaphore, comme François Hollande en son temps : "Il faut faire barrage à l'effondrement du pouvoir d'achat des Français, faire barrage au matraquage fiscal, faire barrage à la retraite à 64 ou 65 ans, faire barrage au laxisme judicaire […], faire barrage à une immigration qui met en péril l'équilibre de nos systèmes sociaux […], faire barrage à un nouveau quinquennat de désolation sociale et déconstruction nationale."
Un moment destiné à marquer les esprits et à convaincre les indécis, qui "met néanmoins le doigt sur le piège dans lequel s'est enfermée cette campagne avec un second tour qui serait un vote contre Marine Le Pen, ou contre Emmanuel Macron", juge au micro d'Europe 1 l'essayiste Gilles Mentré. Un "risque" pris par la candidate du RN, parce qu'une "élection présidentielle est une élection d'adhésion sur [un] programme et pas une élection contre. Et c'est une critique qui est valable évidemment également pour Emmanuel Macron." La maxime disant qu'au premier tour on choisit et qu'au second on élimine, ne s'appliquerait donc pas lors de ce scrutin à en croire Gilles Mentré.
"Peut-être sa seule chance de gagner"
Rassembler en appelant à faire barrage à Emmanuel Macron est "peut-être [la] seule chance de gagner" pour Marine Le Pen, analyse de son côté Alexandre Devecchio, journaliste au Figaro. "Elle a du retard, elle a été diabolisée et la stratégie d'Emmanuel Macron est de faire un référendum contre Marine Le Pen. C’était ce qui s'était passé il y a cinq ans."
Une stratégie qui avait porté ses fruits, et que Marine Le Pen tente donc de retourner contre son adversaire. Si "elle parvient à faire de cette élection un référendum anti-Macron, elle a une chance de l'emporter." Car au-delà du score avantageux d'Emmanuel Macron au premier tour, 27,8% contre 23,1%, "il suscite peu d'enthousiasme, voire une vraie détestation dans une partie de la population", fait valoir Alexandre Devecchio. "Donc, si l'enjeu ne devient plus 'débarrassez-vous d'Emmanuel Macron', elle peut l'emporter."