Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a appelé jeudi le groupe sucrier Tereos à ne laisser "aucun agriculteur et aucun salarié sans solution" au lendemain de l'annonce de la fermeture de deux de ses usines en France qui menace 149 emplois. Le deuxième groupe sucrier mondial - derrière l'Allemand Südzucker - a annoncé mercredi vouloir fermer sa sucrerie d'Escaudœuvres dans le Nord et sa distillerie de Morains dans la Marne.
Tereos privilégie le "reclassement" de ses salariés
La direction de Tereos a dit vouloir privilégier le "reclassement" de ses salariés sur d'autres sites du sucrier dans la région. "Tereos doit assumer ses choix économiques en transparence, et les expliquer, alors que des engagements ont été pris en 2020 et 2021 sur la pérennité des outils industriels", a souligné Marc Fesneau sur Twitter, sans plus de précisions.
Je me suis entretenu dès hier avec le président de @Tereos à la suite des annonces de fermetures de la sucrerie d’Escaudoeuvres dans le Nord, d’un atelier de distillation et de la cession d’une unité féculière dans la Marne.
— Marc Fesneau (@MFesneau) March 9, 2023
"Des garanties ont été données pour les planteurs", a affirmé le ministre, en référence au récent engagement du gouvernement d'indemniser en totalité les pertes de production en cas d'épisode de jaunisse de la betterave en 2023. "Nous y veillerons pour tous les salariés", a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.
"Réduction durable" de la production de betteraves
Mercredi, le sucrier a justifié sa décision par "une réduction durable" de la production de betteraves en 2023-24, dont le "principal facteur" est, selon la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), l'interdiction des néonicotinoïdes. Ces insecticides nocifs pour les abeilles étaient utilisés par dérogation en France pour enrober les semences de betterave et les prémunir contre la jaunisse, transmise par un puceron vert. En 2020, la production de betteraves sucrières avait été amputée d'un tiers du fait de cette maladie virale, selon la CGB.
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La France a dû renoncer à une nouvelle dérogation pour ces semences enrobées à la suite d'un avis de la justice européenne le 21 janvier, à quelques semaines du début des semis. En conséquence, pour 2022-23, les surfaces cultivées ont déjà "diminué d'environ 7%" en moyenne, selon la CGB.
Une décision de restructuration "étonnante"
Le ministre a indiqué avoir "demandé aux préfets concernés de réunir les acteurs locaux pour examiner la situation". "S'agissant d'une zone de production de betteraves moins touchée que beaucoup d'autres par la jaunisse en 2020, cette décision de restructuration industrielle à Escaudœuvres apparaît d'autant plus étonnante", a-t-il souligné.
"Les motivations économiques de cette décision doivent être éclaircies par Tereos, qui doit l'endosser sans tenter d'en faire porter la responsabilité à l'Etat", a-t-il ajouté. La veille, Tereos avait indiqué que le choix de l'usine d'Escaudœuvres était notamment dicté par une baisse des surfaces emblavées de plus de 10% dans ce secteur et à une "baisse des volumes" de betteraves traités sur ce site depuis plusieurs années.