Les députés ont massivement voté dans la nuit de mardi à mercredi le projet de prolongation de l'état d'urgence pour six mois, par 486 voix pour contre 26. Sous la pression de l’opposition, le texte a été largement renforcé, permettant désormais la saisie des données des ordinateurs et des téléphones, la suspension des remises de peine automatiques pour les détenus radicalisés, ou encore la fouille des véhicules sans passer par la justice.
Un manque de fermeté. "Je ne propose pas de nouvelles lois ou de nouveaux textes, je demande seulement qu’on applique celles qui existent", a estimé de son côté, au micro de la matinale d’Europe 1, François Fillon, candidat à la primaire de la droite, et partisan de "l’expulsion des personnes qui présentent un danger pour la sécurité nationale". Selon le député de Paris, le gouvernement a fait preuve d’un certain laxisme en dépit de la forte menace terroriste. "250 morts en 18 mois, on ne peut pas considérer que personne n’est responsable de cette situation", martèle-t-il, pointant "un manque de détermination symbolisé par le président de la République annonçant la fin de l’état d’urgence le jour d’un nouvel attentat".
Pour François Fillon, la mobilisation des policiers, ces derniers mois, sur le front de la contestation sociale, de la sécurisation de l’Euro puis des festivités du 14 juillet a épuisé les forces de l’ordre. "Il faut dimensionner les rassemblements publics en fonction des capacités de la police et de la gendarmerie", explique-t-il.
Engagement international. Surtout, l’ancien Premier ministre milite pour que l’investissement sur le théâtre irako-syrien, foyer de l’Etat islamique, soit repensé, notamment dans le cadre d’une coopération avec les forces russes et celles du régime syrien. "Je pense que la France doit s’engager avec les autres. Il est scandaleux que les Européens nous laissent seuls sur ce front", a-t-il déclaré. "Une fois que ce travail sera fait, il sera temps de réfléchir à l’avenir du régime syrien et aux problèmes du Moyen Orient."
"Ma conviction c’est que, soit on est engagé dans une guerre – ce que je soutiens – et à ce moment-là on se met en situation de protéger nos concitoyens, soit on ne fait pas la guerre, mais on ne peut pas faire les deux ; on ne peut pas, le matin, bombarder l’Etat islamique et dire le soir qu’il ne se passe rien", explique-t-il.
L'union nationale vole en éclat.Le débat particulièrement houleux qui a animé les députés autour de la prolongation de l’état d’urgence semble avoir fait voler en éclat l’union nationale à laquelle avait appelé certains responsables politiques, et notamment le gouvernement. En larmes, l’imam de Nice, Abdelkader Kadouni, avait appelé mardi a faire bloc contre les semeurs de haine et les discours polémiques de certains responsables.
François Fillon rappelle que la discorde et la dispersion sont deux des tactiques utilisées par le groupe Etat islamique, via la terreur terroriste, pour déstabiliser les états occidentaux. "La question pour les responsables politiques, c’est de ne pas tomber dans le piège" de la division, explique-t-il, avant d’avertir contre les discours "qui vont précipiter cet état de guerre civile".