Deux proches de Marine Le Pen et un mouvement satellite du parti frontiste, devenu Rassemblement national, sont renvoyés devant le tribunal correctionnel dans l'affaire du financement des campagnes 2014/2015, a appris l'AFP lundi de sources concordantes. Les juges d'instruction ont ordonné le 14 septembre un procès pour escroqueries et tentatives d'escroqueries à l'encontre de l'association Jeanne et de son gérant de fait, Jean-François Jalkh, ainsi que pour abus de biens sociaux contre Frédéric Chatillon, un ami de longue date de Marine Le Pen, selon l'avocat de ce dernier et une source proche du dossier.
Financement du parti via Jeanne. Les magistrats financiers, saisis en octobre 2016, soupçonnent la société Riwal de Frédéric Chatillon, longtemps prestataire principal de la communication électorale frontiste, d'avoir accordé des avantages au FN via le micro-parti Jeanne, lors des campagnes des municipales et des européennes de 2014 ainsi que pour les départementales de 2015, selon une source proche de l'enquête. Or, les sociétés commerciales n'ont pas le droit de contribuer directement ou indirectement au financement des partis politiques. L'information judiciaire avait été ouverte à la suite d'un signalement de Tracfin, la cellule de renseignement de Bercy, qui avait repéré des "flux financiers importants" impliquant notamment Jeanne et Riwal.
Les kits de campagne surfacturés. Dans un premier volet similaire, baptisé "Jeanne 1", portant sur les campagnes législatives de 2012, les juges ont déjà renvoyé en octobre 2016 Frédéric Chatillon et Jean-François Jalkh devant le tribunal correctionnel. Le Rassemblement national et un autre de ses dirigeants, son trésorier Wallerand de Saint Just, sont poursuivis avec eux, mais la tenue de leur procès est retardée dans l'attente d'une décision de la Cour de cassation, saisie par le parti qui conteste son renvoi. Dans ce premier dossier, l'ex-FN est soupçonné d'avoir mis en place une escroquerie - via des kits de campagne surfacturés fournis par Riwal - au préjudice de l'État, qui rembourse les frais des candidats ayant remporté plus de 5% des suffrages.
Trois procédures judiciaires. Dans le dossier "Jeanne 2", la mise en cause de Frédéric Chatillon "est assez réduite" par rapport au premier volet, s'est félicité son avocat. "On lui reproche un abus au préjudice de son entreprise Riwal car les prêts accordés étaient sans intérêt", a-t-il analysé. Au total, trois procédures judiciaires ont été ouvertes sur les campagnes électorales de 2012 à 2015 de l'ex-Front national. La troisième enquête, portant sur le financement des régionales de 2015 et le rôle du prestataire du RN, Les Presses de France, qui a pris le relais de Riwal, a été ouverte en novembre 2016.