Un vice-président du Front National a été mis en examen fin septembre au terme de l'enquête sur le financement des campagnes électorales 2014 et 2015 du parti frontiste, renvoyé en correctionnelle pour une escroquerie similaire lors des législatives de 2012, a indiqué vendredi des sources judiciaires et proches du dossier.
Avant de clore début octobre ce deuxième volet des affaires de financements électoraux du FN, et d'ouvrir ainsi la voie aux réquisitions du parquet, les juges ont procédé, selon ces sources, à deux nouvelles mises en examen le 25 septembre: celle de l'association Jeanne, mouvement satellite du parti d'extrême droite, et celle de son gérant de fait, Jean-François Jalkh, l'un des vice-présidents du FN. Ils sont désormais poursuivis au côté de Frédéric Chatillon, un proche de la présidente du FN Marine Le Pen au cœur des soupçons, mis en examen en février pour "abus de biens sociaux".
Les juges d'instruction, saisis à l'automne 2016, soupçonnent sa société Riwal, longtemps prestataire principal de la communication électorale frontiste, d'avoir accordé un crédit au FN via le micro-parti Jeanne, lors des élections municipales et européennes de 2014 ainsi que pour les départementales de 2015, selon une source proche de l'enquête. Or, les sociétés commerciales n'ont pas le droit de contribuer au financement des partis politiques.
Plusieurs dirigeants du FN poursuivis. Dans le premier volet, portant sur les campagnes législatives de 2012, Frédéric Chatillon et Jean-François Jalkh ont déjà été renvoyés devant le tribunal correctionnel. Le FN et un autre de ses dirigeants, Wallerand de Saint Just, sont poursuivis avec eux mais la tenue de leur procès est suspendue à une décision de la Cour de cassation, saisie par le parti qui conteste son renvoi. Le FN est soupçonné d'avoir mis en place une escroquerie - via des kits de campagne surfacturés fournis par Riwal - au préjudice de l'État, qui rembourse les frais des candidats ayant remporté plus de 5% des suffrages.
Jeanne, le micro-parti du FN, soupçonné de masquer le financement des campagnes. L'enquête avait mis en lumière la "confusion" entre la société Riwal et Jeanne, dont le dirigeant de fait à l'époque n'était autre que Frédéric Chatillon, selon les juges. Pour les magistrats, le micro-parti ne serait qu'une coquille vide masquant un financement des campagnes par une société commerciale. Une troisième procédure, portant sur le financement des régionales de 2015, a été ouverte en novembre 2016. Le FN est par ailleurs visé par une enquête sur des soupçons d'emplois fictifs d'assistants de ses eurodéputés, pour un préjudice évalué à 5 millions d'euros par le Parlement européen.