Le parquet de Nanterre a ouvert une enquête préliminaire fin janvier après une plainte pour travail dissimulé du chauffeur de Jean-Marie Le Pen pendant 17 ans, a indiqué celui-ci à l'AFP mercredi. Les journalistes Mathias Destal (Marianne) et Marine Turchi (Mediapart) révèlent cette plainte du 9 janvier, déposée par Jean-Pierre Zablot, dans le livre "Marine est au courant de tout..." (Flammarion), paru mercredi. L'enquête préliminaire, ouverte le 30 janvier, s'intéresse à une période allant de 1999 à fin 2016, d'après le parquet.
"Il m'arrivait de conduire Marine aussi". Selon une source proche du dossier, Jean-Pierre Zablot a été le chauffeur du FN dédié à Jean-Marie Le Pen mais il a pu de manière ponctuelle être chauffeur d'autres membres du parti d'extrême droite, y compris Marine Le Pen. Surnommé "Z2", il se présente dans le livre comme un ex-membre du DPS, le service de sécurité du FN, et comme chauffeur attitré de Jean-Marie Le Pen. "Il m'arrivait de conduire Marine aussi", explique-t-il aux journalistes.
"J'ai été abandonné comme un chien". Le chauffeur raconte ses journées-type, à rallonge selon lui, sans "vacances" ni "week-ends", de "l'esclavage moderne", le tout pour 2.000 euros mensuels, payés "au noir". En avril 2015, d'après le livre, il tombe malade. Atteint de "graves difficultés pulmonaires, d'insuffisance rénale et d'anémie", le FN se passe de ses services. "J'ai été abandonné comme un chien", accuse-t-il. Il raconte toutefois que Nicolas Lesage, directeur de cabinet de Marine Le Pen, lui a annoncé que le FN lui donnerait "10.000 euros", que Jean-Marie Le Pen lui a donné "4.000 euros" et que Fraternité française, une association dont la présidente d'honneur est la femme de Jean-Marie Le Pen, Jany, lui a donné 7.800 euros. Soit au total 21.800 euros.
D'après les auteurs du livre, le cabinet de Me William Bourdon a adressé une mise en demeure à Marine Le Pen mi-juillet 2016, et reçu une réponse du trésorier du FN, Wallerand de Saint Just, qui disait "réfuter absolument toutes les allégations de M. Zablot". Toujours d'après les auteurs, c'est Jean-Marie Le Pen qui a poussé Jean-Pierre Zablot à s'adresser au Front national, avec lequel il est en conflit.