Pour François Fillon, les jours se suivent et se ressemblent depuis les premières révélations du Canard enchaîné sur les emplois présumés fictifs de son épouse Penelope, fin janvier. Mardi, il a dû une nouvelle fois tenter de de calmer la fronde d’une frange des députés de son camp, qui s’étaient réunis la veille pour se plaindre de "l’impossibilité de faire campagne". Cette vingtaine de députés avaient même rédigé une lettre, lui demandant de convoquer un bureau national, lequel aurait pu l’inviter à renoncer.
La lettre des deputés LR qui demandent un bureau politique #FillonGatepic.twitter.com/cvzg9oZvvf
— Caroline Vigoureux (@CaroVigoureux) 14 février 2017
"Pas de solution alternative meilleure". Mais à la fin de la réunion hebdomadaire des députés, vers midi, la demande formulée par ces "frondeurs" de droite a été abandonnée. Dès l'ouverture du rendez-vous, Christian Jacob, patron des députés LR, a balayé la requête des frondeurs, en la qualifiant de "connerie monumentale". S'il admet "une campagne difficile", François Fillon a ensuite répété qu'il excluait tout renoncement : "Cette décision [de maintenir sa candidature, NDLR], je l’ai prise, je ne reviendrai pas dessus. (...) Je comprends parfaitement les interrogations qui sont les vôtres. Mais je vous le dis : on est engagé dans cette course. (...) Et on doit pouvoir la gagner, on peut la gagner."
Une manière de remotiver les troupes, démoralisées par l’accueil reçu en circonscription, ce week-end. "Je vois bien les dégâts que cette affaire a causés. Les dégâts sur mon image d’abord. Et les dégâts sur la campagne présidentielle où on était dans une position de favoris", a concédé François Fillon, avant de brandir la menace d’un chaos à droite s’il renonçait. Cela créerait "une crise majeure, à l’intérieur même de notre famille politique, et ensuite, cela poserait en réalité le problème de notre effacement de la campagne présidentielle avec tous les risques que cela représente", selon le candidat de la droite. Pour lui, "il n’y a pas de solution alternative meilleure".
La déclaration de Fillon devant les députés (il n'est pas prêt à quitter le navire) pic.twitter.com/axDfvLWzcP
— Matgoa (@Matgoa) 14 février 2017
Déjeuner avec Sarkozy mercredi. Encore une fois, l’hypothèse d’un plan B est tuée dans l’oeuf. Comme il y a deux semaines, quand François Fillon avait convaincu les députés de "tenir quinze jours". Comme après sa grande conférence de presse, il y a une semaine, lorsqu’il avait parlé d’une "nouvelle campagne" qui commençait après les révélations du Canard enchaîné. Cette fois-ci, François Fillon a mis la pression sur les députés qui souhaitent son retrait : "Est-ce que vous m’aidez ou est-ce que vous me compliquez la tâche ?", a-t-il conclu.
Débarrassé pour l’instant de la fronde dans son camp, François Fillon va déjeuner avec Nicolas Sarkozy, mercredi, à Paris, avant de tenir son premier déplacement, dans l’Oise, depuis son retour de la Réunion où il a passé trois jours. Il va demander à l’ancien chef d’Etat de tenir ses troupes et de “faire bloc” derrière lui. "Même si on a le sentiment qu’il prend notre famille politique en otage, on est obligé de le soutenir", confie un conseiller de Nicolas Sarkozy. "On n’a pas d’autre choix", regrette le député sarkozyste Julien Aubert.
Déplacements compromis faute de soutien des élus. La campagne reste donc difficile pour François Fillon, y compris sur le terrain : Le Figaro révèle mardi après-midi que deux de ses visites cette semaine, prévues à Limoges et Clermont-Ferrand, ont été décalées voire annulées, en raison de la réticence des élus locaux à l’accueillir.