Après deux semaines de révélations qui l’ont plongé dans la tourmente, François Fillon s’efforce de regarder devant lui. Si le candidat de la droite tente de recentrer sa campagne présidentielle sur les sujets de fond, il a cependant évoqué, jeudi lors de son meeting à Poitiers, l’affaire des emplois présumés fictifs de son entourage, demandant à son public de l'aider à affronter "l'attaque impitoyable" dont il est l'objet.
Fillon veut "prouver sa droiture". Devant un amphithéâtre bondé - avec notamment Jean-Pierre Raffarin, sénateur de la Vienne, et Bruno Retailleau, patron des sénateurs LR - le candidat en a appelé au "bon sens" de ses électeurs, à qui il veut "prouver sa droiture" car tous les faits évoqués par "le tribunal médiatique" sont "légaux" selon lui. "Je n’ai pas fauté au regard de la loi, mais je sais vos interrogations, votre émotion. Vous attendez le meilleur de moi", a-t-il lancé à la foule.
"Je ne suis qu'un homme". Puis le candidat s'est livré à un plaidoyer pro domo. Après "36 ans de vie politique sans aucun problème d'ordre judiciaire, je suis la cible d'une attaque impitoyable, partiale, 7 jours sur 7, 24/24h, et tout ceci pour des faits anciens, connus, légaux. Est-ce juste ? Est-ce équitable ? C'est à vous de répondre et non au tribunal médiatique", a continué l'ex-Premier ministre. "On scrute ma vie au laser, cherchant la moindre erreur, la moindre faille, le moindre scoop. On voudrait dans les médias que je sois un 'saint', je ne suis, mes amis, qu'un homme, un homme qui n'a pas enfreint la loi, un patriote qui aime son pays et qui lui a donné le maximum de ce qu'il avait dans les tripes. Je n'ai rien à cacher", a-t-il ajouté. "La transparence ne me fait pas peur, et j’attends que mes concurrents à la présidentielle se montrent aussi clairs que moi".
Manifestation à l'extérieur de la salle. Cette ambiance dans l'un des amphithéâtres du Futuroscope contrastait avec la manifestation d'une cinquantaine de jeunes, à l'extérieur, qui scandaient des slogans anti-Fillon, lui demandant "de rendre" l'argent, et brandissaient des pancartes lui enjoignant de "se retirer" de la course à la présidentielle. "On veut nous chasser de l'élection présidentielle", a-t-il dit, certain qu'"avec ce tourbillon d'attaques, on veut détourner notre attention du vrai scandale : le quinquennat de François Hollande", a-t-il accusé, alors que ses avocats ont annoncé avoir demandé jeudi au parquet national financier de se dessaisir de son enquête et que ses deux enfants aînés, qui ont travaillé auprès de leur père au Sénat, sont entendus jeudi sur ces activités soupçonnées d'avoir été fictives.