Il est le candidat que Marine Le Pen n’attendait pas. Pourquoi ? Parce que François Fillon parle à la droite traditionnaliste, à la droite réactionnaire à travers un discours compatible avec l’extrême droite : réécrire le mariage gay, interdire l’adoption par les couples de même sexe, etc. François Fillon est soutenu par la Manif pour tous. Il se revendique catholique, il est contre l’avortement à titre personnel. Mais François Fillon c’est aussi le retour de la blouse à l’école, l’accent mis sur l’enseignement du récit national en primaire.
Et ce n’est pas tout. Sur l’immigration, fonds de commerce du Front national, les passerelles existent aussi. François Fillon veut durcir l’accès aux prestations sociales et remettre en cause l’aide médicale d’Etat. Enfin, sur la politique étrangère, comme Marine Le Pen, il veut renouer avec la Russie de Poutine. Pour lui, Bachar al-Assad est moins pire que Daech. François Fillon, c’est donc une très mauvaise surprise pour le FN, un concurrent plus que sérieux.
Une riposte en catastrophe. Le FN ne peut pas combattre François Fillon sur le terrain des valeurs, c’est là toute sa difficulté. Marion Maréchal-Le Pen pourrait voter François Fillon sur la remise en cause du mariage gay, ou sur ses réserves sur l’avortement. Il reste donc deux angles d’attaque, dont les éléments de langage sont sortis dès dimanche soir, en catastrophe. On dénonce d’abord l’ultra libéral, qui veut casser les services publics qui protègent les plus faibles via "un programme d’un violence inouïe". François Fillon est décrit comme le candidat qui veut adapter la France à la mondialisation au lieu de l’en protéger. Ensuite, il est présenté comme l’homme de Nicolas Sarkozy qu’il a servi pendant 5 ans.
Cette contre-offensive improvisée, pas très argumentée, pas très convaincante, illustre à quel point Marine Le Pen ne s’attendait pas du tout à ce résultat.