Cela fait 37 ans que les Wallis-et-Futuniens attendaient une visite présidentielle. La dernière fois qu'ils y avaient eu droit, en 1979, Valéry Giscard d'Estaing était venu en coup de vent, lors d'une escale de trois heures en rentrant de Nouvelle-Calédonie.
Accueilli par des rois. François Hollande, lui, va passer une journée entière sur ces petites îles du bout du monde, après avoir vu la Polynésie dimanche. Sur Wallis-et-Futuna, le président sera accueilli par des rois, l'un de Wallis, deux autres de Futuna. Et le chef de l'Etat arrive en pleine crise de régime puisque le souverain de Wallis, Kapeliele Faupala, destitué il y a plus d'un an, n'a toujours pas été remplacé.
Promesse de campagne. Cette visite n'est pas uniquement symbolique. D'abord, elle permet à François Hollande de respecter ses engagements de campagne. Il avait en effet promis de se rendre dans tous les territoires et départements d'outre-mer pendant son mandat. La Polynésie et Wallis-et-Futuna sont les derniers qui manquent au compteur, à l'exception des terres antarctiques et australes.
2017 en vue. Mais c'est surtout l'élection présidentielle de 2017 qui motive ce déplacement. A 14 mois de l'échéance, François Hollande est déjà en campagne. Si les 9.000 inscrits de Wallis-et-Futuna peuvent sembler peser bien légèrement dans la balance, la Polynésie française en compte 186.000, dont 90.000 votants à la dernière élection. La prochaine présidentielle risque d'être très serrée, François Hollande le sait. La qualification pour le second tour peut se jouer à un ou deux points. Or, le Front national fait des scores négligeables en outre-mer. Il y a donc là-bas un réservoir de voix important.
Calcul électoral. Aller y faire campagne en costume de président de la République peut donc se révéler très payant. Les voyages de François Hollande à Saint-Pierre-et-Miquelon le 24 décembre 2014, jour de réveillon, ainsi qu'à Saint-Martin et Saint-Barthélémy ont pu faire sourire. Mais ce n'est absolument pas une fantaisie de la part du chef de l'Etat, qui laboure méthodiquement ces terres du bout du monde par calcul électoral.
Ne pas venir les mains vides. Surtout que François Hollande ne vient jamais les mains vides en outre-mer. En Guadeloupe et en Martinique en mai 2015, le président a confirmé l'apport d'un cyclotron, appareil d'une valeur de plusieurs millions d'euros destiné à dépister les cancers. En Polynésie, le chef de l'Etat annoncera une aide financière et de nouveaux dispositifs juridiques pour indemniser les Polynésiens victimes des retombées d'essais nucléaires à Mururoa.